Πρῶτον
μὲν οὖν τοὺς
παλαιοὺς κινδύνους
τῶν προγόνων
δίειμι, μνήμην
παρὰ τῆς φήμης
λαβών: ἄξιον
γὰρ πᾶσιν ἀνθρώποις
κἀκείνων
μεμνῆσθαι, ὑμνοῦντας μὲν
ἐν ταῖς ᾠδαῖς,
λέγοντας δ'
ἐν τοῖς τῶν ἀγαθῶν
ἐγκωμίοις,
τιμῶντας δ' ἐν
τοῖς καιροῖς
τοῖς τοιούτοις,
παιδεύοντας
δ' ἐν τοῖς τῶν
τεθνεώτων ἔργοις
τοὺς ζῶντας.
Ἀμαζόνες γὰρ
Ἄρεως μὲν τὸ
παλαιὸν ἦσαν
θυγατέρες,
οἰκοῦσαι δὲ
παρὰ τὸν Θερμώδοντα
ποταμόν, μόναι
μὲν ὡπλισμέναι
σιδήρῳ τῶν περὶ
αὐτάς, πρῶται
δὲ τῶν πάντων
ἐφ' ἵππους ἀναβᾶσαι,
οἷς ἀνελπίστως
δι' ἀπειρίαν
τῶν ἐναντίων
ᾕρουν μὲν τοὺς
φεύγοντας,
ἀπέλειπον δὲ
τοὺς διώκοντας:
ἐνομίζοντο
δὲ διὰ τὴν εὐψυχίαν
μᾶλλον ἄνδρες
ἢ διὰ τὴν φύσιν
γυναῖκες: πλέον
γὰρ ἐδόκουν
τῶν ἀνδρῶν ταῖς
ψυχαῖς διαφέρειν
ἢ ταῖς ἰδέαις
ἐλλείπειν.
[2,5] ἄρχουσαι
δὲ πολλῶν ἐθνῶν,
καὶ ἔργῳ μὲν
τοὺς περὶ αὐτὰς
καταδεδουλωμέναι,
λόγῳ δὲ περὶ
τῆσδε τῆς χώρας
ἀκούουσαι
κλέος μέγα,
πολλῆς δόξης
καὶ μεγάλης
ἐλπίδος χάριν
παραλαβοῦσαι
τὰ μαχιμώτατα
τῶν ἐθνῶν ἐστράτευσαν
ἐπὶ τήνδε τὴν
πόλιν. τυχοῦσαι
δ' ἀγαθῶν ἀνδρῶν
ὁμοίας ἐκτήσαντο
τὰς ψυχὰς τῇ
φύσει, καὶ ἐναντίαν
τὴν δόξαν τῆς
προτέρας λαβοῦσαι
μᾶλλον ἐκ τῶν
κινδύνων ἢ ἐκ
τῶν σωμάτων ἔδοξαν
εἶναι γυναῖκες.
μόναις δ' αὐταῖς
οὐκ ἐξεγένετο
ἐκ τῶν ἡμαρτημένων
μαθούσαις
περὶ τῶν λοιπῶν
ἄμεινον βουλεύσασθαι,
οὐδ' οἴκαδε
ἀπελθούσαις
ἀπαγγεῖλαι
τήν τε σφετέραν
αὐτῶν δυστυχίαν
καὶ τὴν τῶν ἡμετέρων
προγόνων ἀρετήν:
αὐτοῦ γὰρ
ἀποθανοῦσαι,
καὶ δοῦσαι
δίκην τῆς ἀνοίας,
τῆσδε μὲν τῆς
πόλεως διὰ
τὴν ἀρετὴν ἀθάνατον
τὴν μνήμην ἐποίησαν,
τὴν δὲ ἑαυτῶν
πατρίδα διὰ
τὴν ἐνθάδε
συμφορὰν ἀνώνυμον
κατέστησαν.
ἐκεῖναι μὲν
οὖν τῆς ἀλλοτρίας
ἀδίκως ἐπιθυμήσασαι
τὴν ἑαυτῶν δικαίως
ἀπώλεσαν. Ἀδράστου
δὲ καὶ Πολυνείκους
ἐπὶ Θήβας
στρατευσάντων
καὶ ἡττηθέντων
μάχῃ, οὐκ ἐώντων
Καδμείων θάπτειν
τοὺς νεκρούς,
Ἀθηναῖοι ἡγησάμενοι
ἐκείνους μέν,
εἴ τι ἠδίκουν,
ἀποθανόντας
δίκην ἔχειν τὴν
μεγίστην, τοὺς
δὲ κάτω τὰ αὑτῶν
οὐ κομίζεσθαι,
ἱερῶν δὲ μιαινομένων
τοὺς ἄνω θεοὺς
ἀσεβεῖσθαι,
τὸ μὲν πρῶτον
πέμψαντες κήρυκας
ἐδέοντο αὐτῶν
δοῦναι τῶν νεκρῶν
ἀναίρεσιν,
νομίζοντες
ἀνδρῶν μὲν ἀγαθῶν
εἶναι ζῶντας
τοὺς ἐχθροὺς
τιμωρήσασθαι,
ἀπιστούντων
δὲ σφίσιν αὐτοῖς
ἐν τοῖς τῶν
τεθνεώτων σώμασι
τὴν εὐψυχίαν
ἐπιδείκνυσθαι:
οὐ δυνάμενοι
δὲ τούτων τυχεῖν
ἐστράτευσαν
ἐπ' αὐτούς, οὐδεμιᾶς
διαφορᾶς πρότερον
πρὸς Καδμείους
ὑπαρχούσης,
οὐδὲ τοῖς ζῶσιν
Ἀργείων χαριζόμενοι,
ἀλλὰ τοὺς
τεθνεῶτας ἐν
τῷ πολέμῳ ἀξιοῦντες
τῶν νομιζομένων
τυγχάνειν πρὸς
τοὺς ἑτέρους
ὑπὲρ ἀμφοτέρων
ἐκινδύνευσαν,
ὑπὲρ μὲν τῶν, ἵνα
μηκέτι εἰς τοὺς
τεθνεῶτας
ἐξαμαρτάνοντες
πλείω περὶ τοὺς
θεοὺς ἐξυβρίσωσιν,
ὑπὲρ δὲ τῶν ἑτέρων,
ἵνα μὴ πρότερον
εἰς τὴν αὑτῶν
ἀπέλθωσι πατρίου
τιμῆς ἀτυχήσαντες
καὶ Ἑλληνικοῦ
νόμου στερηθέντες
καὶ κοινῆς
ἐλπίδος ἡμαρτηκότες.
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Tout d'abord, donc, j'évoque en détail les anciens périls où se trouvèrent nos ancêtres,
après en avoir recueilli le souvenir dans la légende. Il convient en effet que tous les hommes
se souviennent aussi de ces héros, les célébrant dans les chants, les citant dans les éloges
des hommes de bien, les honorant dans de telles circonstances, instruisant les vivants par les
actions des morts. les Amazones en effet étaient jadis les filles d'Arès ; elles habitaient
près du fleuve Thermodon ; seules de leur entourage elles étaient armées d'une épée, et elles
furent les premières au monde à monter des chevaux, sur lesquels à l'improviste, grâce à
l'inexpérience de leurs ennemis, elles capturaient les fuyards et distançaient les poursuivants.
Grâce à leur courage, on les considérait davantage comme des hommes que comme des femmes, qu'elles
étaient par nature. Elles semblent en effet plus l'emporter sur les hommes par leur caractère
que leur être inférieures par leur aspect.
Elles commandaient de nombreuses tribus, et dans les faits,
elles avaient asservi les populations alentour ; mais elles avaient entendu parler, au sujet de notre
région, de notre grande renommée ; alors, pour obtenir beaucoup de gloire, et animées d'un grand
espoir, elles prirent avec elles les plus belliqueuses des tribus et partirent en expédition contre
notre cité. Mais ayant rencontré des hommes vaillants, elles prirent des sentiments conformes à leur
nature et revêtirent une apparence contraire à la précédente : elles semblèrent des femmes plus d
d'après leur réaction aux dangers que d'après leur physique. A elles seules il ne fut pas possible,
après avoir appris de leurs erreurs, de prendre à l'avenir de meilleurs décisions, ni de revenir chez
elles pour raconter leur propre malheur et la vertu de nos ancêtres. C'est ici même en effet qu'elles
moururent, et, châtiées pour leur folie, elles rendirent le souvenir de cette cité immortel, grâce à
sa vertu, et privèrent de gloire leur propre patrie, à cause du malheur qui se produisit en ce lieu.
C'est ainsi que ces femmes, pour avoir indûment convoité la terre étrangère, perdirent la leur en toute
justice.
Adraste et Polynice, qui avaient marché contre Thèbes avaient été vaincus, et les Cadméens refusaient
de laisser enterrer leurs cadavres. Les Athéniens, estimant que, s'ils avaient commis une faute, ils
en avaient, par leur mort, reçu le châtiment le plus rigoureux, que les dieux des enfers étaient frustrés
de leurs droits, et qu'en souillant les sanctuaires, on commettait une impiété envers les dieux du ciel,
commencèrent par envoyer des hérauts pour demander la permission d'enlever les morts : le devoir des hommes
de coeur, pensaient-ils, est de châtier leurs ennemis vivants, mais c'est avoir une médiocre confiance
en sa valeur que de l'exercer sur des cadavres. Ne pouvant obtenir gain de cause, ils marchèrent contre
les Cadméens, non pour vider une ancienne querelle, ni pour complaire aux Argiens survivants, mais parce
qu'ils revendiquaient pour les soldats morts à la guerre le droit à la sépulture. En affrontant l'un des
adversaires, c'est pour tous les deux qu'ils combattaient: l'un n'outragerait plus les dieux en offensant
les morts ; l'autre ne rentrerait pas dans sa patrie privé d'un honneur traditionnel, exclu d'un droit
hellénique et frustré d'une commune espérance.
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