© Astrid Pichot & Julien Théophane, TL 2
En raison du nombre important de détenus à Auschwitz (plusieurs milliers simultanément), le "panel" des personnages est immense et nécessite donc un choix. On peut donc diviser les personnages du livre, sur lesquels Levi a focalisé, en quatre groupes : le protagoniste, les adjuvants, les opposants, et ceux qui, ayant perdu figure humaine, n'entrent plus dans aucune de ces catégories.
LE PROTAGONISTE /
NARRATEUR :
Primo Levi se dépeint lui-même comme faible, maladroit (on le
surnomme "deux mains gauche") : personne ne veut
travailler avec lui à cause de sa constitution fluette - c'est un
chimiste, donc peu habitué aux travaux manuels. De ce fait, il se
retrouve souvent en binôme avec Null Achtzehn.
LES ADJUVANTS :
Ce sont les personnages qui d'une manière ou d'une autre aideront
Levi à survivre.
Steinlauf : c'est un ex-sergent de l'armée austro-hongroise récompensé par la Croix de fer (distinction militaire), et doté d'une forte volonté. Il fait prendre conscience à Levi que, dans cette "usine à déshumaniser", il faut faire son possible pour rester digne, notamment par l'hygiène. C'est un homme de bon sens, de sagesse et de vertu.
Chajim : Juif polonais pratiquant, versé dans l'étude de la Loi, compagnon de couchette de Levi au KB ; celui-ci lui voue une confiance aveugle, peut-être parce qu'ils ont le même âge. Il est horloger de son métier, et au Lager travaille dans la mécanique de précision.
Alberto : le meilleur ami de Levi. Âgé de 22 ans, il a de grandes capacités d'adaptation, si bien qu'il n'a pas peur du Lager. C'est un personnage fier ("il est rentré la tête haute") et cultivé, qui comprend l'allemand, le polonais et parle un peu le français, ce qui en fait l'ami de tous. Il disparaîtra dans la "marche de la mort", lors de l'évacuation d'Auschwitz.
Jean Samuel, dit le Pikolo : le Pikolo est le prisonnier chargé des écritures. C'est lui qui demande à Levi de l'accompagner pour aller chercher la marmite, et qui à cette occasion lui donne la possibilité de lui réciter le Chant d'Ulysse ; c'est ce moment qui a restitué à Levi une part d'humanité. Il est décrit comme un être exceptionnel, rusé, doté d'une grande force physique, et qui, même dans la situation relativement privilégiée où il se trouve, a conservé des relations amicales avec les autres prisonniers. Il offre à Levi l'occasion d'un vrai dialogue, et d'une relation humaine.
Lorenzo, ouvrier civil travaillant à la Buna, et qui donna à Levi du pain et quelques vêtements
Charles et
Arthur : deux prisonniers français arrivés depuis peu au
camp au moment de l'évacuation d'Auschwitz. Avec ces deux
hommes, Levi va jouer le rôle de leader pour le petit groupe de
survivants restés à l'infirmerie, dans le bâtiment des
contagieux. Ces survivants parviennent à s'organiser en un
groupe, et à instaurer entre eux des relations humaines.
LES OPPOSANTS :
Les SS : peu nombreux, ils n'habitent pas au camp et apparaissent rarement, préférant confier les basses-œuvres aux Kapos. Avec une exception notable : Pannwitz, qui dirige le laboratoire et fait passer à Levi l'examen de chimie. Il résume à lui seul la haine irrationnelle des Allemands à l'égard des Juifs, et la folie du système nazi.
Les "Triangles verts" : ce sont les prisonniers de droit commun, candidats au titre de Kapo. Ils ont tous les droits sur les prisonniers, et sont les véritables maîtres du camp. Alex est un "triangle vert".
Alfred L : Dès le début, cet homme d'une surprenante intelligence et doté d'une énergie méthodique et disciplinée, s'est donné l'ambition de devenir un "Prominent"; Il a réalisé ce projet, non sans quelques entorses à la morale. Il incarne l'égoïsme absolu. (cf. p. 100-101)
Henri : il
se caractérise par sa lucidité et la qualité d'organisation
de ses projets. C'est un personnage aussi intéressant
qu'inquiétant, capable d'instrumentaliser toutes les personnes
qu'il rencontre. Il partage la même idéologie qu'Alfred L.
CEUX QUI NE SONT PAS, OU PLUS, DES HOMMES.
Elias LIndzin : un être totalement inadapté à la vie normale, mais qui se fond à la perfection dans le monde du Lager, puisque le camp ne laisse aucune place à la normalité. "Au Lager, Elias prospère et triomphe". Il est un pur produit du camp, et sa folie symbolise la démence générale de l'univers concentrationnaire.
Null Achtzehn :
Adolescent qui semble dépourvu de toute vie. Sa voix et son
regard donnent l'impression qu'il est intérieurement mort. Il
est très jeune, ce qui est un danger au Lager. Personne au camp
ne veut travailler avec lui car tout l'indiffère à tel point
qu'il ne se soucie même plus de manger, ni d'éviter la
fatigue. Il exécute sans rien dire les ordres qu'il reçoit, et
n'a même plus de nom. C'est la victime absolue.
Lui aussi a une valeur métonymique : il représente tous
les "Musulmans" - c'est à dire la masse des
prisonniers, tous les autres n'étant que des exceptions.
CONCLUSION :
Bien des gens se sont connus et rencontrés dans le camp, cette "Babel" qui rassemblait des prisonniers de toute l'Europe. Levi retient chacun de ceux qui ont partagé un moment avec lui. Dans bien des cas, le Lager a agi comme un révélateur, mettant en lumière la dégradation morale des uns, et la persistance de l'humanité chez les autres.