Histoire du roman américain

Les prémisses

La toute première période de la civilisation américaine, au 17ème siècle, marquée par le puritanisme, n'était guère favorable à l'émergence d'une fiction, jugée futile et mensongère ; un peu plus tard, au tout début du 18ème siècle, l'urgence de conquérir et de construire le pays laissait peu de place à la pratique de la littérature.

Le tout premier roman américain date donc de 1789 : il s'agit de The Power of Sympathy, or the Triumph of Nature, de William Hill Brown, très inspiré par le romancier anglais Richardson. Quelques autres titres suivront (quatre romans entre 1789 et 1800) qui présentent à vrai dire assez peu d'intérêt.

Le roman au XIXème siècle

Cole Thomas Sunny 
Morning on the Hudson River 1827

Thomas Cole [Public domain], via Wikimedia Commons : Matin ensoleillé sur la rivière Hudson (1827)

Le Gothique américain

Charles Brockden Brown (1771-1810)

Essayiste, pamphlétaire, il est considéré comme l'inventeur du "gothique américain" ; celui-ci diffère profondément du gothique anglais : si son ressort principal est toujours la peur, il rejette les "chimères gothiques" et ses "superstitions puériles" ; il se fonde sur une réalité américaine inquiétante : territoires inconnus (Edgar Huntly, 1799), fièvre jaune (Arthur Mervyn, 1799-1800), sectes (Ormond, 1799)...
Cependant, découragé par son manque de succès, il abandonne rapidement l'écriture de fiction.

Washington Irving (1783-1859)

Premier auteur américain à atteindre une renommée internationale, voyageur et diplomate, il est surtout l'auteur de contes : Tales of the Alhambra (1832).

Nathaniel Hawthorne (1804-1864)

Il est sans doute l'un des trois plus importants auteurs de la première moitié du 19ème siècle, avec Poe et Melville, dont il fut l'ami et le mentor.
Son roman le plus important est The Scarlet letter (1850) qui raconte l'opprobre qui frappe une femme adultère, dans la société américaine marquée par le puritanisme.

Edgar Allan Poe (1809-1849)

Prototype de l'écrivain maudit, connu en France par les traductions de Baudelaire, Poe est à la fois poète et romancier. Son œuvre la plus célèbre est Tales of the Grotesque and the Arabesque (1840) ("le Chat noir", "La chute de la maison Usher"...)

Herman Melville (1819-1891)

Si Melville est surtout connu par son roman le plus célèbre, Moby Dick (1851), il est aussi l'auteur d'un roman résolument gothique, Pierre of the Ambiguities (1852).

La peinture de la nature sauvage au XIXème siècle

James Fenimore Cooper (1789-1851)

C'est à cette époque que naît le mythe, typiquement américain, du "grand Ouest". Le grand nom à retenir est celui de James Fenimore Cooper (1789-1851).

Cooper veut, comme Charles B. Brown, créer une littérature nationale. Étudiant à Yale, puis marin, il connaît un succès considérable avec ses romans d'aventures, dont le héros récurrent, Natty Bumppo, alias "Bas-de-cuir", explore la "frontière" ; son chef d'œuvre, Le Dernier des Mohicans, sera admiré de Balzac et Victor Hugo.

La Case de l'oncle Tom (1851)

Dans la lignée de Cooper paraît en 1851 un roman qui connaîtra un immense succès, et dont le tirage atteindra le million d'exemplaire : La Case de l'oncle Tom, d'Harriet Beecher-Stowe (1811-1876). Ce roman était destiné à dénoncer la cruauté de l'esclavage dans les États du Sud. À la veille de la guerre de Sécession, ce livre exerça une influence décisive sur l'opinion publique du Nord.

Naissance d'une littérature du Sud

Jusqu'à la seconde moitié du XIXème siècle, il n'y avait de vie intellectuelle qu'à l'Est, dans les grandes villes comme New-York ou Boston. Le Sud, tout au plus, était un sujet : ainsi Cooper a-t-il décrit la Prairie qu'il ne connaissait guère...

Tout change avec un auteur comme Mark Twain.

Mark Twain (1835-1910)

Né dans le Missouri, Samuel Clemens, alias Mark Twain, est un aventurier et un homme du peuple : il fut tour à tour pilote sur le Mississipi, apprenti-imprimeur, prospecteur d'or, journaliste...

S'il a beaucoup écrit, il reste dans l'histoire de la littérature américaine – et mondiale – grâce à deux chef d'œuvres pleins d'humour : Tom Sawyer (1876) et Huckeberry Finn (1884), auxquels on peut ajouter les récits autobiographiques de La Vie sur le Mississipi (1883) dans lesquels il raconte son expérience de pilote de vapeur.

Le mouvement transcendantaliste

Ce mouvement philosophique, qui considère que l'homme est naturellement bon, tout comme la nature, et que la société, et plus particulièrement les institutions politiques et religieuse, les corrompt, est né en 1836, avec la création, à Cambridge (Massachussetts) du Transcendental Club d' Emerson, Putman et Hedge.

La publication des essais d'Emerson, Nature en 1836 et Amitié en 1842, inspirés par Kant et l'idéalisme allemand, fait de ce club un mouvement culturel majeur.

Parmi les écrivains importants qui ont appartenu à ce mouvement, on peut citer Henry David Thoreau, essayiste et romancier (1817-1862).

Le réalisme américain

Comme le réalisme européen, cette école naît peu avant la guerre de Sécession, et se prolonge après cette guerre, décrivant notamment ses conséquences.

Les romanciers réalistes sont aujourd'hui assez peu connus ; on peut néanmoins citer :

Henry James (1843-1920) est-il un écrivain américain ? Il choisit de s'expatrier, et se fit naturaliser citoyen britannique en 1915. Il est donc peut-être plus juste de le considérer comme un écrivain anglais.

Naissance d'une littérature afro-américaine

C'est l'ancien esclave, né d'un père blanc et d'une mère noire, Booker T. Washington (1856-1915) qui marque l'émergence d'une littérature afro-américaine, trente ans après la fin de l'esclavage. Défenseur des droits civiques des Noirs, il prône cependant l'union des "races" noire et blanche. En 1901, il publie Up From Slavery qui connaît un grand succès ; B. T. Washington sera le premier Noir invité officiellement à la Maison Blanche par le président Theodore Roosevelt.

Lui succèdera l'historien et essayiste afro-américain William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963).

Le roman au XXème siècle

L'entrée dans le XXème siècle

Edith Warton (1862-1937)

Disciple d'Henry James, Edith Warton est née dans la bonne société de Nouvelle-Angleterre. Ses principaux titres sont The House of Mirth (1905), Ethan Frome (1911).

Theodor Dreiser (1871-1945)

Theodor Dreiser est l'héritier du réalisme ; ses romans les plus célèbres sont Sister Carrie (1900), l'histoire d'une jeune actrice, arriviste sans scrupule, et An American tragedy (1925).

Le roman gris

Ils sont les prédécesseurs immédiats des romanciers noirs issus de la Première guerre mondiale ; parmi eux, deux femmes :

Mais l'on peut citer également deux auteurs, qui éclipsent un peu la gloire de Dreiser :

La génération perdue

L'Amérique de l'immédiat après-guerre a quelque peu la gueule de bois.

Le succès des romans traditionnels

Les romans de Louis Blomfield (La Mousson), Margaret Mitchell (Autant en emporte le vent, 1937), Pearl Buck connaissent toujours le succès auprès du public.

On peut classer dans cette catégorie les livres de F. Scott Fitzgerald (Gatsby le Magnifique, 1925) et James T. Farrell, ou encore Thomas Wolfe (1900-1938).

Mais une génération nouvelle voit le jour, qui transformera radicalement le roman.

John Dos Passos (1896-1970)

Cet auteur est d'abord connu par Manhattan Transfer (1925).

Le chef d'œuvre de Dos Passos est la trilogie USA, qui compte trois tomes :

  1. Le 42ème Parallèle
  2. 1919
  3. La Grosse galette

À travers de multiples personnages pris dans diverses couches de la société, Dos Passos tisse un immense portrait, plutôt désespéré, de la guerre et de ses suites immédiates. La fiction est entrecoupée de "bobines d'actualités" – articles ou titres découpés dans les journaux, ou de courtes biographies de personnages réels...

William FAULKNER (1897-1962)

Ernest Hemingway (1898-1961)

Erskin Caldwell (1903-1987)

Homme du Sud, Caldwell s'est surtout préoccupé des "pauvres Blancs" ; Tobacco Road date de 1932.

John Steinbeck (1902-1968)

Bibliographie