Quis fuit, horrendos primus qui protulit enses?
Quam ferus et uere ferreus ille fuit!
Tum caedes hominum generi, tum proelia nata,
tum breuior dirae mortis aperta uia est.
An nihil ille miser meruit, nos ad mala nostra
uertimus, in saeuas quod dedit ille feras?
Diuitis hoc uitium est auri, nec bella fuerunt,
faginus adstabat cum scyphus ante dapes.
Non arces, non uallus erat, somnumque petebat
securus sparsas dux gregis inter oues.
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Tunc mihi uita foret, Valgi, nec tristia nossem
arma nec audissem corde micante tubam.
Nunc ad bella trahor, et iam quis forsitan hostis
haesura in nostro tela gerit latere.
Sed patrii seruate Lares : aluistis et idem,
cursarem uestros cum tener ante pedes.
Neu pudeat prisco uos esse e stipite factos :
sic ueteris sedes incoluistis aui.
Tunc melius tenuere fidem, cum paupere cultu
stabat in exigua ligneus aede deus
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hic placatus erat, seu quis libauerat uua,
seu dederat sanctae spicea serta comae,
atque aliquis uoti compos liba ipse ferebat
postque comes purum filia parua fauum.
At nobis aerata, Lares, depellite tela,
* * *
25a
* * *
25b
hostiaque e plena rustica porcus hara.
Hanc pura cum ueste sequar myrtoque canistra
uincta geram, myrto uinctus et ipse caput.
Sic placeam uobis: alius sit fortis in armis
sternat et aduersos Marte fauente duces,
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ut mihi potanti possit sua dicere facta
miles et in mensa pingere castra mero.
Quis furor est atram bellis accersere Mortem ?
Imminet et tacito clam uenit illa pede.
Non seges est infra, non uinea culta, sed audax
Cerberus et Stygiae nauita turpis aquae ;
illic percussisque genis ustoque capillo
errat ad obscuros pallida turba lacus.
Quin potius laudandus hic est, quem prole parata
occupat in parua pigra senecta casa
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Ipse suas sectatur oues, at filius agnos,
et calidam fesso conparat uxor aquam.
Sic ego sim, liceatque caput candescere canis,
temporis et prisci facta referre senem.
Interea Pax arua colat : Pax candida primum
duxit araturos sub iuga curua boues ;
Pax aluit uites et sucos condidit uuae,
funderet ut nato testa paterna merum,
Pace bidens uomerque nitent – at tristia duri
militis in tenebris occupat arma situs
50
***
rusticus e lucoque uehit, male sobrius ipse,
uxorem plaustro progeniemque domum.
Sed Veneris tunc bella calent, scissosque capillos
femina perfractas conqueriturque fores ;
flet teneras subtusa genas, sed uictor et
flet sibi dementes tam ualuisse manus.
At lasciuus Amor rixae mala uerba ministrat,
inter et iratum lentus utrumque sedet.
A lapis est ferrumque, suam quicumque puellam
uerberat : e caelo deripit ille deos.
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Sit satis e membris tenuem rescindere uestem,
sit satis ornatus dissoluisse comae,
sit lacrimas mouisse satis : quater ille beatus,
quo tenera irato flere puella potest ;
sed manibus qui saeuus erit, scutumque sudemque
is gerat et miti sit procul a Venere.
At nobis, Pax alma, ueni spicamque teneto,
praefluat et pomis candidus ante sinus.
Tibulle, Élégies I, 10
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Qui fut celui qui, le premier, apporta les
horribles épées ? Qu’il fut farouche et vraiment de fer ! Alors
naquirent les meurtres, alors les combats pour le genre humain, alors la voie
fut ouverte, plus courte, de la mort cruelle. Mais ce misérable ne fut
coupable de rien, n’est-ce pas nous qui nous tournons vers nos propres maux
ce qu’il nous a donné contre les bêtes sauvages ? C’est la faute de l’or
riche, et il n’y eut pas de guerres, lorsque devant ses plats se tenait une
coupe de hêtre. Il n’y avait ni citadelles, ni fossé, et le conducteur du troupeau,
tranquille, trouvait le sommeil parmi ses brebis éparpillées. C’est alors que
j’aurais dû vivre, Valgius, je n’aurais pas connu les tristes armes, et je
n’aurais pas entendu la trompette, le cœur battant. Maintenant on me traîne à
la guerre et déjà peut-être quelque ennemi porte les traits destinés à se
planter dans notre flanc. (15) Mais sauvez-moi, Lares paternels : vous
m’avez, vous aussi, nourri, alors que tout petit, je courais çà et là devant
vos pieds. N’ayez pas honte d’avoir été faits, vous, d’une vieille
souche : c’est ainsi que vous avez habité l’antique demeure de mon
aïeul. Alors on conservait mieux sa foi, lorsque par un pauvre culte un dieu
de bois se dressait dans un temple exigu ; celui-ci était apaisé, soit
qu’on lui offrît en libation une grappe de raisin, soit que l’on donnât à sa
chevelure sacrée des couronnes d’épis, et quelqu’un dont le vœu avait été
exaucé apportait lui-même des gâteaux, et sa petite fille qui l’accompagnait,
portait un pur rayon de miel. Mais, Lares, écartez de nous les traits de
bronze [***]
et de ma porcherie pleine < vous aurez> comme victime une truie rustique.
Je la suivrai avec un vêtement pur et je porterai une corbeille couronnée de myrte,
et ma tête elle-même sera couronnée de myrte. Puissé-je ainsi vous plaire :
qu’un autre soit courageux sous les armes et qu’il abatte les chefs ennemis
par la faveur de Mars, pour qu’un soldat puisse me raconter ses exploits
tandis que je boirai, et peindre sur la table un camp avec du vin !
Quelle folie est-ce de faire venir la noire Mort par les guerres ? Elle
menace et déjà vient en secret de son pas silencieux. (35) Il n’y a pas de
moissons sous la terre, ni de vignobles, mais l’audacieux Cerbère et le
hideux marin de l’eau stygienne ; là les joues meurtries et la chevelure
brûlée, une foule livide erre près des lacs obscurs. Il est de fait bien
davantage à louer, celui dont une vieillesse paresseuse s’empare, près de ses
enfants, dans sa petite cabane ! Il garde lui-même ses brebis, et son
fils ses agneaux, et la femme lui prépare de l’eau chaude quand il est
fatigué. Puissé-je être ainsi, et qu’il soit permis à ma tête de blanchir de
vieillesse, et, vieillard, de rappeler les faits du temps passé. (45) Entre
temps que la Paix cultive nos champs : c’est la blanche Paix qui pour la
première fois a conduit les bœufs sous le joug recourbé afin qu’ils
labourent ; c’est la Paix qui a nourri les vignes et a enfermé les sucs
du raisin, afin que la cruche paternelle verse à son enfant le vin pur, c’est
par la paix que brillent le hoyau et le soc – mais la rouille s’empare des
tristes armes du cruel soldat dans l’obscurité.
[***]
(51) Le paysan peu sobre lui-même, ramène à la maison sur son chariot sa femme
et ses enfants. Mais alors brûlent les guerres de Vénus, et la femme se plaint
de ses cheveux arrachés et de sa porte brisée ; elle pleure, s’étant un
peu meurtri les joues, mais son vainqueur lui-même pleure sur le fait que ses
mains folles aient été si fortes. (57) Mais Amour lascif distribue les mots
méchants de la querelle, et reste assis impassible entre l’un et l’autre en
colère. Ah ! il est de pierre ou de fer, celui qui frappe son
amie : il arrache les dieux du ciel. Qu’il suffise de déchirer le mince
vêtement de ses membres, qu’il suffise de dénouer l’ornement de ses cheveux,
qu’il suffise de faire naître ses larmes : quatre fois heureux celui qui
peut, irrité, faire pleurer une tendre jeune fille ; (65) Mais celui qui
sera cruel par ses mains, qu’il porte le bouclier et l’épieu, et qu’il soit
loin de la douce Vénus. Quant à nous, Paix nourricière, viens et tiens un épi
et que devant toi ta robe blanche laisse couler des fruits ! |