Sacrorum pleraque initia in
Graecia participaui. Eorum quaedam signa et monumenta tradita mihi a
sacerdotibus sedulo conseruo. Nihil insolitum, nihil incognitum dico. Vel unius
Liberi patris mystae qui adestis, scitis quid domi conditum celetis et absque
omnibus profanis tacite ueneremini. (9) At ego, ut dixi, multiiuga sacra et
plurimos ritus et uarias cerimonias studio ueri et officio erga deos didici.
(10) Nec hoc ad tempus compono, sed abhinc ferme triennium est, cum primis
diebus quibus Oeam ueneram p{l}ublice disserens de Aesculapii maiestate eadem
ista prae me tuli et quot sacra nossem percensui. (11) Ea disputatio
celebratissima est, uulgo legitur, in omnibus manibus uersatur, non tam
facundia mea quam mentione Aesculapii religiosis Oeensibus commendata. (12)
Dicite aliquis, si qui forte meminit, huius loci principium. (...) Audisne,
Maxime, multos suggerentis? Immo, ecce etiam liber offertur. Recitari ipsa
haec iubebo, quoniam ostendis humanissimo uultu auditionem te istam non
grauari. [56] (1) Etiamne cuiquam mirum uideri potest, cui sit ulla memoria
religionis, hominem tot mysteriis deum conscium quaedam sacrorum crepundia
domi adseruare atque ea lineo texto inuoluere, quod purissimum est rebus
diuinis uelamentum? (2) Quippe lana, segnissimi corporis excrementum, pecori
detracta, iam inde Orphei et Pythagorae scitis profanus uestitus est. Sed
enim mundissima lini seges inter optumas fruges terra exorta non modo indutui
et amictui sanctissimis Aegyptiorum sacerdotibus, sed opertui quoque rebus
sacris usurpatur. (3) Atque ego scio nonnullos et cum primis Aemilianum istum
facetiae sibi habere res diuinas deridere. (4) Nam, ut audio partim
Oe<e>nsium qui istum nouere, nulli deo ad hoc aeui supplicauit, nullum
templum frequentauit, si fanum aliquod praetereat, nefas habet adorandi
gratia{m} manum labris admouere. (5) Iste uero nec dis rurationis, qui eum
pascunt ac uestiunt, segetis ullas aut uitis aut gregis primitias impertit.
Nullum in uilla eius delubrum situm, nullus locus aut lucus consecratus. (6)
Ecquid ego de luco et delubro loquor? Negant uidisse se qui fuere unum saltem
in finibus eius aut lapidem unctum aut ramum coronatum. (7) Igitur adgnomenta
ei duo indita: Charon, ut iam dixi, ob oris et animi diritatem, sed alterum,
quod libentius audit, ob deorum contemptum, Mezentius. (8) Quapropter facile
intellego hasce ei tot initiorum enumerationes nugas uideri, et fors anne ob
hanc diuini contumaciam non inducat animum uerum esse quod dixi, me
sanctissime tot sacrorum signa et memoracula custodire. (9) Sed ego, quid de
me Mezentius sentiat, manum non uorterim, ceteris autem clarissima uoce
profiteor: si qui forte adest eorundem sollemnium mihi particeps, signum
dato, et audias licet quae ego adseruem. (10) Nam equidem nullo umquam
periculo compellar, quae reticenda accepi, haec ad profanos enuntiare.
(Apologie, 55-56)
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J’ai participé, en Grèce, à de très nombreux
mystères. J’en conserve précieusement certains symboles et souvenirs qui
m’ont été confiés par des prêtres. Je ne dis là rien d’insolite, rien qui ne
soit connu. Par exemple, vous les mystes du seul dieu Liber qui êtes ici,
vous savez ce que vous gardez caché dans vos maison et ce que vous vénérez en
silence, loin de tous les profanes. Mais moi, comme je vous l’ai dit, j’ai
appris des cultes divers, des rites variés et des cérémonies diverses par
passion de la vérité et par piété envers les dieux. Et je n’imagine pas cela
pour cette circonstance, mais depuis exactement trois ans, les premiers jours
de mon arrivée à Oea, parlant en public de la majesté d’Esculape, j’ai fait
exactement les mêmes déclarations et j’ai recensé tous les cultes que je
connaissais. Cet exposé est très célèbre, on en parle couramment, il est dans
toutes les mains, recommandé aux pieux habitants d’Oea moins par mon
éloquence que par la mention d’Esculape. Que quelqu’un en dise le début, si
par hasard quelqu’un s’en souvient… Entends-tu, Maximus, beaucoup de gens qui
le récitent ? Bien mieux, voilà même qu’on apporte le livre. J’ordonnerai que
ces mots soient lus en public, puisque tu montres par ton visage plein
d’humanité que cette écoute ne te pèse pas. [56] Et de plus, peut-il sembler
étonnant à quelqu’un, qui ait quelque souvenir de religion, qu’un homme
initié à tant de mystères conserve chez lui certaines amulettes et les
enroule dans un tissu de lin, qui est le voile le plus pur pour des objets
sacrés ? Car la laine, excroissance du corps le plus inerte, tirée d’un
animal, est, vous le savez, un vêtement profane depuis déjà Orphée et
Pythagore. Mais en effet la très pure pousse du lin, sortie de terre parmi
les meilleurs fruits, non seulement est utilisée pour le vêtement et
enveloppe par les très saints prêtres d’Égypte, mais aussi de couverture pour
les objets sacrés. Et je sais quant à moi que certains, et en premier lieu ce
fâcheux Émilien, considèrent comme une plaisanterie de se moquer des choses
sacrées. En effet, comme je l’entends dire par une bonne partie des habitants
d’Oea qui le connaissent, jusqu’à l’âge où il est il n’a prié aucun dieu, n’a
fréquenté aucun temple, s’il passe devant quelque sanctuaire, il considère
comme un crime de porter sa main à ses lèvres en signe d’adoration. En vérité
cet individu ne partage même pas, avec les dieux des champs qui le
nourrissent et l’habillent, les prémices de ses moissons, de ses vignes ou de
ses troupeaux. Dans sa ferme, nulle chapelle, nul lieu ni bosquet consacré.
Et pourquoi parlé-je de bosquet ou de chapelle ? Ceux qui sont allés chez lui
affirment n’avoir vu même, sur son territoire, une seule pierre ointe d’huile
ou un rameau couronné. Par conséquent, on lui a donné deux sobriquets :
Charon, comme je l’ai déjà dit, à cause de la dureté de son visage et de son
esprit, et un autre, qu’il entend plus volontiers, à cause de son mépris des
dieux, Mézence. C’est pourquoi je comprends sans peine que ces énumérations
de tant de mystères lui semblent des sornettes, et peut-être même, à cause de
son mépris du divin, ne saurait-il convaincre son esprit que ce que j’ai dit
est vrai, que je garde avec la plus grande piété tant de symboles et de
petits souvenirs des mystères. Mais en ce qui me concerne, quoi que Mézence
pense de moi, je ne changerai pas de main (= peu m’importe), mais pour tous
les autres, je le proclame de la voix la plus éclatante : si par hasard
quelqu’un ici présent à été initié aux mêmes mystères que moi, qu’il me fasse
signe, et elle apprendra de moi quels objets je conserve. En effet je ne
serai jamais poussé par nul péril à révéler à des profanes ce que j’ai reçu
sous le sceau du secret. |