La poésie lyrique grecque
LA GRANDE PERIODE LYRIQUE : 7ème - 6ème siècles
La poésie lyrique est, par définition, celle qu’on accompagne de la lyre ; elle fait une place importante à la musique
et même à la danse.
La musique grecque dispose de nombreux instruments qui se ramènent à deux types : les instruments à cordes, comme la
cithare (κιθαρα) et la lyre (λυρα), et les instruments à vents, comme la flûte (αυλος). La cithare est un instrument pauvre,
monotone, peu sonore, incapable de soutenir une note ; cependant les Grecs la louaient pour sa netteté grave et pure et l’avaient
consacrée à Apollon. La flûte rappelle notre clarinette, avec moins d’étendue dans les notes aiguës.
Les genres lyriques se distinguent non par le fond, mais par la forme :
- L’ELEGIE (ελεγεια) est caractérisée par le DISTIQUE ELEGIAQUE formé d’un hexamètre et d’un pentamètre. Elle est
toujours accompagnée de la flûte. C’est le genre où le poète se met le plus franchement en scène, moralise, s’adresse à ses concitoyens…
- Tyrtée, 2ème moitié du VIIème siècle, un des seuls poètes de Sparte ; il exprime des sentiments guerriers et patriotiques.
- Mimnerme de Colophon (fin du VIIème siècle) scepticisme voluptueux et mélancolique
- Théognis de Mégare (2ème moitié du VIème siècle) : inspiration politique âpre et passionnée, mais aussi beaux poèmes d’amour à son
ami Cyrnus
- Solon d’Athènes : philosophie et éloge de ses réformes.
- L’EPIGRAMME (επιγραμμα), inscription funéraire ou votive, écrite en distiques élégiaques.
- L’IAMBE (ιαμβος) est caractérisé par le vers iambique en 3 temps : U-. Rythme qui s’oppose aux 4 temps des dactyles. Accompagnement
musical plus libre. Surtout des railleries : satire personnelle et violente.
- Archiloque de Paros (VIIème siècle), Le Bouclier perdu.
- L’ODE LEGERE OU CHANSON groupe les vers en strophes plus variées et plus musicales, dont la plus employées sont la strophe alcaïque
et la strophe sapphique. Elle est accompagnée par le barbitos (βαρβιτος), instrument à cordes plus étendu que la lyre. Elle chante surtout
l’amour et les plaisirs de la table.
- Alcée de Lesbos (fin du VIIème siècle)
- Sappho, de Lesbos (début du VIème siècle)
- Anacréon de Téos, en Ionie (fin du VIème siècle), qui vécut à Samos sous le tyran Polycrate, et vint à Athènes appelé par Hipparque.
La poésie lyrique atteint son apogée avec la GRANDE POESIE CHORALE
L’orchestre comprend à la fois des cithares et des flûtes ; les chanteurs se groupent en chœurs, tantôt en files parallèles, tantôt en cercle
comme dans le dithyrambe. La danse y tient une place importante.
- LE PAEAN (παιαν) : chant joyeux en l’honneur des Dieux ;
- LE DITHYRAMBE (διθυραμβος), chant pathétique et violent en l’honneur de Dionysos ; le poète Arion (fin du VIIème siècle) s’y distingue ;
- L’HYMNE HEROÏQUE créé par Stésichore d’Himère (fin du VIIème siècle). Deux légendes à son sujet :
- Ayant dans un poème insulté Hélène, il devint aveugle ; il écrivit alors sa Palinodie, dans laquelle il raconte qu’Hélène n’est
jamais allée à Troie (légende reprise par Euripide) ; il recouvra alors la vue.
- Tandis que Socrate attendait dans sa prison qu’on lui porte la cigüe, il entendit dans la rue un musicien qui chantait un
poème de Stésichore ; il le pria de le lui apprendre. « A quoi cela te servira-t-il ? demanda le musicien - à le savoir avant
de mourir », répliqua Socrate. Racontée par Ammien Marcellin, et d’autant plus surprenante que Socrate n’avait aucune tendresse
pour les poètes !
Il créa aussi le héros bucolique Daphnis, un berger, qui allait devenir le personnage principal des Idylles de Théocrite, quatre siècles plus tard…
- LE CHANT DE VICTOIRE (επινικια), destiné à célébrer les vainqueurs des grands jeux. C’est ce dernier genre qui se développe avec
Simonide de Céos (556-467), son neveu Bacchylide (510-450 environ) et surtout PINDARE. (521-441) :
Pindare, né près de Thèbes, voyagea dans tout le monde grec : on le rencontra à la cour d’Hiéron de Syracuse, avec Simonide et Bacchylide ;
il obtint de son vivant tant de renommée que l’une de ses odes fut gravée en lettres d’or dans le temple d’Athéna à Lindos, dans l’île de
Rhodes. Il cherche à varier le sujet un peu monotone du chant de victoire en introduisant dans la louange du vainqueur des légendes sur
sa patrie, sur les dieux et les héros fondateurs des jeux.
LA PERIODE ALEXANDRINE
Au IIIème siècle, Athènes ne peut plus prétendre au leadership en matière de culture :
- ALEXANDRIE devient la capitale culturelle du monde hellénistique ;
- RHODES possède une brillante école de rhétorique fondée par Eschine ;
- PERGAME rivalise avec Alexandrie par sa bibliothèque.
La période est érudite : grammaire, études littéraires, sciences pures (Euclide et Archimède), astronomie (Dicéarque et Hipparque).
La poésie devient très savante et recherchée, d’inspiration parfois précieuse :
- CALLIMAQUE chante la chevelure de Bérénice dans un poème perdu, traduit en latin par Catulle ; il est également l’auteur d’épigrammes
- ARATOS écrit un poème astronomique sur les Phénomènes ;
- APOLLONIOS DE RHODES écrit une épopée, les Argonautiques ;
- HERONDAS écrit des scènes de genre à la manière des peintures hollandaises : les Mimes.
- Le plus grand poète est THEOCRITE : né à Syracuse en 315, il séjourna à Cos et à Alexandrie, et fréquenta la cour de Hiéron II,
tyran de Syracuse. Il mourut vers la moitié du 3ème siècle.
Il compose de petits tableaux, les ειδυλλιον (idylles) : les unes reproduisent un épisode des légendes épiques, comme les
exploits d’Héraklès enfant ; d’autres des scènes familières, comme la conversation de deux Syracusaines aux fêtes d’Adonis.
Goût pour les scènes pastorales, qui auront un vaste avenir !