1-23
ὑπερηνορεων,
οντος :
orgueilleux
βίηφι
> βίᾳ :
par la force
φέρτερος :
supérieur
v.
7-8 : ἄγε
et εἶσεν :
le Grec emploie, dans un cas, l’imparfait pour souligner le déroulement de
l’action, et dans l’autre cas, l’aoriste pour en exprimer le résultat.
Dans les deux cas, traduire par un plus-que-parfait.
ἑκάς
+ génitif : loin de
ἀλφηστάος :
industrieux
ἐδάσσατο
< Δαίω :
partager
κήρ,
κηρός :
la mort
δαμείς
< δαμάζω :
dompter
μήδεα
(μήδομαι) :
pensées
μητιόω-ῶ :
méditer
φυὴν
καὶ
εἶδος :
sa beauté et sa nature = sa beauté naturelle (hendiadyn)
ἀμφίπολος :
servante, suivante
ὁ
σταθμός,
οῦ :
montant de la porte
ἑκάτερθε :
de chaque côté
φαειναί :
brillantes
δέμνια :
le lit
ὁμηλικία, ας : du même âge
Traduction :
Car le divin Ulysse, qui avait beaucoup souffert, dormait là,
abattu par le sommeil et l’épuisement. Alors Athéna vint dans la ville et
chez le peuple des Phéaciens, qui auparavant, autrefois, habitaient dans la
vaste région d’Hypérie, près des Cyclopes, hommes orgueilleux qui les
pillaient, et leur étaient supérieurs par la force. Ayant quitté ces lieux,
Nausithoos semblable aux dieux les emmena, et il arriva à Schérie, loin des
hommes industrieux, et il entoura la ville de murailles et il construisit des
maisons, et il fit des temples aux dieux et il partagea les terres. Mais déjà
dompté par la mort, il était parti chez Hadès ; et alors Alcinoos eut le
pouvoir, inspiré des dieux. C’est vers sa demeure que se dirigea la déesse
Athéna aux yeux pers, méditant le retour d’Ulysse au grand cœur.
Elle
alla dans la chambre bien travaillée, où se trouvait une jeune fille, dans la
chambre à coucher, semblable aux immortels par sa beauté naturelle, Nausicaa,
fille d’Alcinoos au grand cœur. Auprès d’elle se tenaient deux servantes,
qui avaient reçu leur beauté des Grâces, de chaque côté de la porte. Les
portes brillantes étaient fermées. La déesse, comme un souffle de vent,
s’avança vers le lit de la jeune fille. Elle se tint au-dessus de la tête de
la jeune fille, et lui parla, ayant pris la forme de la fille de l’armateur
Dymas, qui était de son âge et était chère à son cœur.
Commentaire :
Ce
texte tend à établir une communauté de sentiment entre Ulysse et les Phéaciens :
Ulysse et le roi sont tous deux « μεγαλήτωρ»
(v. 14 et 17) ; tous deux ont eu à souffrir des Cyclopes. Cela explique la
très bonne réception du voyageur par le Roi.
Nous
assistons à la création d’une colonie dans toutes ses étapes : le départ
(v. 7), l’arrivée dans un pays vierge (v. 8), la construction des premiers bâtiments,
remparts, temples, maisons (v. 9-10), et enfin le partage des terres (v. 10).
Une
atmosphère à la fois familière et fantastique : les portes, les
servantes, l’amie dessinent un univers familier ; tandis que
l’apparition d’Athéna crée le merveilleux. Un merveilleux « préparé »
par l’évocation de pays lointains, Corcyre, aux confins du monde connu, et
plus loin encore le pays des Cyclopes (la Campanie ?).
V.
24-46
ἐεισαμένη :
s’étant rendue semblable à
μεθήμων < μεθίημι :
négligent
σιγαλόεις :
brillant
ἀκηδέα < ἀκηδής,
ής,
ές :
sans soin
ἡ
φάτις = fama : renommée
πλυνέω-ῶ :
futur épique de πλύνω,
laver (πλυνός :
le lavoir)
ἴομεν : subjonctif à voyelle brève
ἅμ’ἠόϊ
φαινομένηφι :
dès que l’aube paraîtra
ἠῶθι
πρό (v. 36) : avant l’aube
συνέριθος :
compagne (de travail)
δήν : longtemps
μνῶμαι : rechercher en mariage
ὅθι : là où
ἐπότρυνον
< ἐποτρύνω :
pousser, exciter
ἡμίονος : mûle (1/2 âne)
ζῶστρον : ceinture
ῥήγεα < ῥῆγος,
ους :
tapis, couverture ; ici : vêtement
τινάσσομαι :
être secoué, ébranlé (passif)
ἐπιπιλναμαι :
s’approcher (hapax)
αἴθρα : ciel pur
πεπταμαι :
parfait passif de πετάννυμι :
déployer
αἴγλη : éclat du soleil
ἐπιδέδρομα
< ἐπιτρέχω :
courir vers, parcourir
διεπεφραδα < parfait de διαφράζω : dire clairement
Traduction :
Sous la forme de celle-ci, la déesse Athéna aux yeux pers dit :
« Nausicaa, pourquoi ta mère t’a-t-elle faite aussi négligente ?
Tes vêtements brillants gisent sans soin. Pour toi le mariage approche, où il
te faudra être bien habillée, et donner de beaux vêtements à ceux qui
formeront ton cortège. C’est de là qu’une bonne renommée se répand parmi
les hommes, et que ton père et ta vénérable mère se réjouissent. Mais
allons les laver dès que l’aube paraîtra ; moi, ta compagne, j’irai
avec toi, afin que le travail aille plus vite, puisque tu ne resteras plus fille
longtemps. Déjà les nobles hommes parmi le peuple des Phéaciens, dont ta race
est parente, te désirent en mariage. Mais allons demander à ton illustre père
de faire préparer avant l’aube les mules et le char, qui emmènera les
ceintures, les manteaux et les voiles brillants. En effet il vaut mieux pour toi
aussi aller ainsi qu’à pied : les lavoirs sont loin de la ville. »
Ayant dit ces mots, la déesse Athéna aux yeux pers partit sur
l’Olympe, là où, dit-on, se trouve toujours la demeure inébranlable des
dieux ; les vents ne la troublent pas, jamais la pluie ne la mouille, et
jamais la neige n’y tombe. Mais toujours un ciel pur, sans nuage, s’y déploie,
et la blanche lumière du soleil s’y répand. Là se délectent toujours les
dieux bienheureux. C’est là que vint Athéna, la déesse aux yeux pers, après
avoir parlé à la jeune fille.
V. 48-65
ἐΰθρονος :
au beau trône, sur son beau trône
ἄφαρ : aussitôt
κιχάνω : rencontrer
ἐσχάρα, ης :
foyer ; ἐπ’ἐσχάρῃ :
à côté du foyer
ἠλάκατα, ων :
fils qu’on tire de la quenouille
στρωφάω-ῶ :
tourner et retourner
ἁλιπόρφυρος,
ος,
ον :
teint avec la pourpre de mer
κλειτοὺς
βασιλῆας
·: les illustres rois. Alcinoos dirige la Phéacie
avec l’aide d’un conseil de 12 « rois » ou nobles.
ἀγαυός : noble, digne d’admiration, magnifique
ἐφοπλίσσειας
< ἐφοπλίζω :
préparer, équiper un chariot
ἀπήνη, ης :
chariot à quatre roues attelé de mules
ῥερυπωμένος,
η,
ον :
participe parfait passif de ῥυπόω-ῶ : salir, souiller
ὀπυίω : être marié
ἠΐθεος, ου :
jeune homme pas encore marié
θαλέθω : fleurir, être dans la fleur de l’âge
νεόπλυτος,
ος,
ον :
récemment lavé
τὰ
δ’ἐμῇ
φρενὶ
πάντα
μέμηλεν
: cela me regarde
Traduction :
Aussitôt
vint l’aurore sur son beau trône, qui éveilla Nausicaa à la belle robe ;
tout de suite étonnée de son rêve, elle alla à travers le palais, afin de
l’annoncer à ses parents, son cher père et sa mère, et elle les trouva à
l’intérieur. Sa mère se tenait près du foyer avec ses servantes, tournant
le fil teint de pourpre de sa quenouille ; elle trouva son père qui
sortait, avec les illustres rois, pour aller au conseil, où l’appelaient les
nobles Phéaciens. Elle, se tenant tout près de lui, s’adressa à son père
chéri : « Cher papa, ne me préparerais-tu pas un haut chariot aux
belles roues, afin que j’emmène au fleuve, afin de les laver, les brillants vêtements
qui sont sales ? A toi aussi il semble bon de délibérer au conseil, avec
les premiers de la cité, en ayant sur le corps des vêtements propres ;
cinq fils te sont nés dans le palais, deux sont mariés, mais trois sont dans
la fleur de l’âge, encore célibataires ; ils veulent toujours aller au
bal en ayant des vêtements tout juste lavés ; cela me regarde. »
V. 65-84
αἴδομαι
= αἰδέομαι-οῦμαι :
avoir scrupule, avoir honte
θαλερός,
ά, όν :
florissant, qui croît
ἐξονομῆναι
< ἐξονομαίνω :
désigner par son nom
νόει :
imparfait ; le présent est νοεῖ
δμῶες :
serviteurs
v.
69-70 = reprise des vers 56-57
ὑπερτερία,
ας :
partie supérieure, dessus d’une voiture, caisson
ἀρᾱρώς, υῖα,
ος < ἀραρίσκω :
équiper
ῡψηλην
εὔκυκλον,
ὑπερτερίῃ (ἀ)ρᾱρυῖαν
–
– / – – /
– ˘
˘ / – ˘
˘/–
–/ – –
ἐκτός : au-dehors
ἡμιόνειος,
α, ον :
traîné par des mulets (voiture, char…)
ἐϋξεστος, η,
ον : bien poli, bien travaillé
κίστη, ης :
panier, corbeille
μενοεικής, ές :
qui réjouit le cœur, convenable, bon
ἐδωδή < ἔδω :
aliment, nourriture
ὄψον, ου :
accompagnement de viande (à l’époque héroïque, on ne mangeait que du
pain (ἄρτος, σῖτος)
et de la viande
ἀσκός, οῦ :
outre
αἴγειος, α,
ον : de chèvre
ληκύθος, ου :
petit vase, fiole
ὑγρός, α,
ον : fluide
χυτλώσαιτο : aoriste moyen de χυτλόω-ῶ : se frotter, s’enduire
d’huile (après le bain)
ἡ μάστιξ,
μάστιγος : le fouet
τὰ ἡνια,
ων : les brides, les rênes
ἐλάαν < ἐλαύνω
(infinitif épique de but ) : pour faire partir
καναχή, ῆς :
bruit retentissant ; braiment des mules
ἡμιόνοιϊν : génitif ; « venant
des deux mules »
ἄμοτον : violemment, fortement (adv.)
τανύομαι : diriger un char
οἴος, η, ον : seul
κίον : allaient à pied
Une
femme doit toujours être accompagnée de ses servantes ; leur nombre
indique son rang.
ἐπηετανός :
intarissable, abondant
ὑπεκπρόρεεν :
coulait en sortant de dessous les rochers
καθῆραι :
(assez abondamment) pour nettoyer
ὑπεκπρολύω :
dételer de
σεῦαν :
infinitif épique de σεύω :
pousser en avant (des chevaux) pour
δινήεις,
εντος : tourbillonnant
τρώγειν :
brouter
ἄγρωστις :
herbe
στεῖβον
< στείβω :
fouler aux pieds du linge pour le nettoyer
βόθρος,
ου :
trou naturel, bassin
θοῶς :
rapidement, promptement
ἔριδα προφέρουσαι : à qui mieux mieux (formule homérique)
πλῦναν :
aoriste épique de πλύνω : laver
ῥύπα :
ce qui est sale
ἐξείης
= ἐξῆς :
à la suite
πέτασαν
< πετάννυμι :
déployer
ὁ
/ ἡ
θίς,
θινός :
sable au bord de la mer
λᾶϊγξ,
λαϊγγός :
petite pierre
ἀποπλύνεσκε :
« lavait d’habitude »
ἡ
χέρσος,
ου :
la terre ferme
ποτί
= πρός
(forme dorienne)
ὄχθη,
ης :
la rive escarpée
αὐγή,
ῆς :
lumière éclatante, rayons du soleil
τάρφθεν
< τέρπω
(aoriste passif) : rassasier, réjouir, charmer
κρήδεμνον :
voile ou mantille
Ναυσικάα λευκώλενος : formule homérique =
Nausicaa aux bras blancs.
μολπή,
ῆς :
chant mêlé de danse
Ἄρτεμις ἰοχέαιρα : formule homérique = Artémis
qui lance des traits
περιμήκετος,
ος,
ον
= περιμήκης,
ες :
très haut, très élevé
κάπρος,
ου :
le sanglier
Διὸς
αἰγιόχοιο : formule homérique = de Zeus qui tient l’égide
ὠκύς,
εῖα,
ύ :
agile, rapide
ἀγρονόμος,
ος,
ον :
rustique, champêtre
ῥεῖα :
facilement
ἀριγνώτος,
η,
ον :
reconnaissable
ἀδμής,
ῆτος :
indompté, ou encore vierge
La
haute taille était un élément de la beauté féminine (ou masculine) et une
marque de divinité.
Traduction :
Quand celles-ci arrivèrent au bord du beau fleuve, là se trouvait un lavoir intarissable, beaucoup d’eau claire coulait de dessous les rochers, assez abondamment pour nettoyer tout ce linge, quoique sale. Puis elles dételèrent les mules du char, et les poussèrent le long du fleuve tourbillonnant, pour brouter l’herbe douce comme le miel. Elles prirent du char les vêtements à pleines mains et les portèrent à l’eau sombre, et elles les foulèrent dans les bassins à qui mieux mieux. Puis elles lavèrent et nettoyèrent tout ce linge sale, et l’étendirent à la file sur la plage, là où la mer lavait d’habitude les galets sur la terre ferme. S’étant baignées et enduites d’huile fine, elles prirent ensuite leur repas sur la rive escarpée du fleuve, et elles restèrent pour que le linge soit bien séché par les rayons du soleil.
Ensuite, quand les servantes et elle-même furent rassasiées par la nourriture, elles jouèrent à la balle, ayant rejeté leur voile. Nausicaa aux bras blancs ouvrait la danse. Comme Artémis, lanceuse de traits (la Sagittaire, l’archère), va sur les montagnes, au sommet du Taygète ou sur l’Érymanthe, chassant avec passion les sangliers et les biches agiles ; avec elle jouent les Nymphes champêtres, filles de Zeus qui tient l’égide ; Létô se réjouit en son cœur ; elle les dépasse toutes de la tête et du front ; elle est facilement reconnaissable, et pourtant toutes sont belles. Ainsi, elle, la jeune fille encore vierge, se distingue de ses servantes.
πτύσσω,
ἔπτυξα :
plier
γλαυκῶπις
Ἀθήνη :
formule homérique : Athéna aux yeux pers
ἐγροιτο
< ἐγείρω
(optatif, 3ème pers. du sing.) s’éveiller
βαθύς,
εῖα,
ύ :
profond
ἡ
δίνη,
ης :
tourbillon d’eau
ἄϋσαν :
aoriste dorique de αὔω :
pousser des cris
ὁρμαίνω :
méditer
θεουδής,
ές :
qui craint les dieux, pieux
ἀμφήλυθε
< ἀμφέρχομαι :
s’approcher de
θῆλυς :
féminin
ἀϋτή,
ῆς :
cri. Attention au faux ami !
αἰπεινός,
ά,
όν :
sur une hauteur, élevé
κάρηνον,
ου :
point culminant, citadelle, tour
πίσεα
ποιήεντα :
prairie verdoyante
αὐδήεις,
εσσα,
εν :
qui parle avec une voix humaine
θάμνων
ὑπεδύσατο :
« il se glissa de dessous les buissons »
πυκινός,
ή,
όν :
dru, serré, épais
πτόρθος,
ου :
jeune pousse
φύλλων
< φύλλον,
ου :
feuille ; ou < φυλλόω-ῶ « couvert de feuille »
παχύς,
εῖα,
ύ :
gros, large, épais
ῥύομαι :
sauver è
cacher
τὸ
μῆδος,
ους :
parties génitales (attention ! ne pas confondre avec τὸ
μῆδος, ους,
les pensées !)
ὁ
φώς,
φωτός
: l’homme (ne pas confondre avec τὸ
φῶς,
φωτός,
la lumière)
ὑόμενος
καὶ ἀήμενος :
belle paronomase. ὕομαι
= pleuvoir ; ἄημι
= souffler (se dit du vent)
ὄσσε
(avec un verbe au sing. ) : les deux yeux
δαίομαι :
être en feu
μετέρχομαι :
poursuivre
ἀγρότερος :
sauvage (par opposition aux bœufs et moutons, domestiques)
πειράομαι-ῶμαι + génitif : se mesurer à
μῆλον,
ου :
troupeau, bétail
κούρη
ἐϋπλόκαμος, ος,
ον : formule homérique ; « jeune fille aux belles
boucles »
σμερδαλέος :
effrayant à voir
ἡ
ἅλμη,
ης :
l’eau de mer
τρεσσαν :
aoriste, 3ème du sing. de τρέω,
trembler de peur, s’enfuir
ἄλλυδις
ἄλλη :
les unes d’un côté, les autres de l’autre
ἠΐων,
όνος :
bord de la mer ou d’un fleuve
τὸ
δέος, δέους : crainte
τὸ
γυῖον,
ου :
membre, corps entier
ἄντα :
en face
σχομένη :
en se retenant (de fuir)
μερμηρίζω :
être en peine, se demander
ἀποσταδά :
en se tenant au loin
μειλιχίος :
doux comme le miel
δοάσσατο
< δοάζω :
sembler, paraître. Οἱ
φρονέοντι
δοάσσατο
κέρδιον
εἶναι :
formule homérique (Iliade 13, 458 ; Od. 5, 474 et 6, 145) :
« en y réfléchissant, il lui parut plus avantageux… »
Les
vers 143 et 146 se répètent presque exactement.
Traduction :
Mais
lorsqu’elle fut sur le point de revenir à la maison, après avoir attelé les
mules, plié le beau linge, à ce moment la déesse Athéna aux yeux pers médita
un autre projet, afin qu’Ulysse s’éveille et voie la jeune fille aux beaux
yeux qui le conduirait à la ville des Phéaciens. Alors la princesse lança la
balle à une servante, manqua la servante, et jeta la balle dans le courant
profond ; alors elles poussèrent un cri aigu. Le divin Ulysse s’éveilla,
s’assit et s’interrogea en son esprit et en son cœur : « Hélas,
sur la terre de quels mortels suis-je encore arrivé ? Sont-ils sans foi ni
loi, cruels et pleins d’iniquité, ou bien accueillants, et leur esprit est-il
pieux ? C’est comme si un cri féminin, de jeunes filles ou de Nymphes,
s’approchait de moi, qui habitent les hauts sommets des montagnes, les sources
des fleuves et les prairies verdoyantes : suis-je proche des hommes qui
parlent ? Mais allons ! Je vais essayer de m’en assurer moi-même. »
Ayant
dit cela, le divin Ulysse se glissa hors des buissons ; de sa large main il
cassa un rameau feuillu de l’épaisse forêt, pour cacher sa nudité
d’homme. Il allait, comme le lion nourri dans les montagnes, sûr de sa force,
qui va sous la pluie et le vent ; ses yeux brillent. Il poursuit les bœufs,
les brebis ou les biches sauvages, la faim le pousse, pour s’emparer des
troupeaux, à aller jusque dans les maisons solides ; ainsi Ulysse s’apprêtait
à se mêler aux jeunes filles aux belles boucles, malgré sa nudité ; car
le besoin le pousse. Il leur apparut effrayant à voir, abîmé par l’eau de
mer ; elles s’enfuirent de tous côtés vers des rivages éloignés.
Seule resta la fille d’Alcinoos. Athéna en effet avait mis le courage dans
son âme et avait chassé la peur de ses membres. Elle se tint ferme, se
retenant de fuir. Ulysse se demanda s’il supplierait la belle jeune fille en
l’ayant prise par les genoux, ou s’il la supplierait de loin, comme il était,
par des paroles douces comme le miel, de lui montrer la ville et de lui donner
des vêtements. A la réflexion, il lui parut plus avantageux de la supplier de
loin par des paroles douces comme le miel, de peur que la jeune fille ne se fâche
contre lui s’il la prenait aux genoux.
Aussitôt
il lui dit ce discours doux comme
le miel et habile :
V.
149-185 : discours d’Ulysse à Nausicaa.
τοὶ
οὐρανὸν
εὐρὺν
ἔχουσιν :
formule homérique : « qui habitent le vaste ciel »
ἄγχιστος,
η, ον :
très proche, très ressemblant
ἐΐσκω :
juger semblable, comparer
ναιετάω-ῶ :
habiter
ἰαίνομαι :
être réjoui, charmé
λεύσσω :
regarder, contempler. Le génitif est à rattacher à θυμός,
au lieu d’un datif s’accordant avec σφισι.
τὸ
θάλος,
ους :
jeune pousse
εἰσοιχνεῦσαν
χορόν :
entrant dans la danse. Accord au féminin avec τὸ
θάλος = accord par le sens.
τὸ
κῆρ
(n’existe qu’au nominatif, accusatif et datif singulier) : cœur
ἔξοχον :
grandement, supérieurement
βρίσας :
ayant fait pencher la balance (< βρίθω)
ἔεδνα :
cadeaux par lesquels le fiancé achète sa femme aux parents de celle-ci,
suivant l’usage homérique du mariage.
τὸ
σέβας :
crainte religieuse, respect
ὁ
φοίνιξ,
ικος :
le palmier. Il s’agirait de l’arbre auquel Létô
se serait accrochée pour mettre au monde Apollon et Artémis, à Délos.
Au temps de Cicéron, on montrait encore ce palmier !
ἔρνος,
ους :
jeune pousse, jeune plant
ἐνόησα :
aoriste de νοέω-ῶ :
se mettre dans l’esprit par l’intermédiaire des sens, d’où voir,
apercevoir.
v.
162-165 : allusion à une visite – mentionnée nulle part ailleurs –
qu’Ulysse aurait fait à Délos, en allant à Troie. « πολὺς
δέ
μοι
ἕσπετο
λαός» :
un grand peuple me suivait. Il laisse entendre qu’il est roi.
τὴν
ὀδόν :
au cours de ce voyage
τέθηπα :
parfait à sens de présent : être saisi d’admiration
δήν :
longtemps
δόρυ,
δόρατος :
sens premier = tronc d’arbre
αἰνῶς
: terriblement
πένθος,ους :deuil,
douleur, affliction
χθιζός :
hier
οἴνοπα
πόντον : formule homérique « la
mer vineuse » (accusatif)
τόφρα...
ὄφρα :
jusqu’à ce que… jusqu’à
τὸ
κῦμα,
ματος :
ce qui s’enfle = la vague, le flot
κραιπνός,
ή, όν :
prompt
ἡ
θύελλα :
tempête, ouragan
καμβάλε
= καὶ
ἔμβαλε
= ἐνέβαλε
κακὰ
πόλλα μογήσας
(< μογέω-ῶ)
: formule homérique : « ayant
supporté beaucoup de maux »
ῥάκος,
ους
: haillon
εἴλυμα :
couverture
τὸ
σπεῖρον,
ου :
couverture, tissu à enrouler
μενοινάω-ῶ :
aspirer à, rêver de
ὁπάζω :
accorder
ὁμοφροσύνη,
ης :
union, concorde
χάρμα, ματος : sujet de joie
Traduction :
« Je
suis à tes genoux, princesse. Es-tu quelque déesse ou bien quelque mortelle ?
Si tu es une déesse, de celles qui habitent le vaste ciel, pour moi je te juge
tout à fait semblable à Artémis, fille du grand Zeus, par l’allure, la
taille et la prestance ; si tu es quelque mortelle, qui habitent sur terre,
trois fois heureux ton père et ta mère vénérable, trois fois heureux tes frères ;
grâce à toi leur cœur plein de joie est charmé, lorsqu’ils voient un tel
rejeton entrer dans la danse. Et heureux en son cœur plus que tous les autres,
celui qui t’emmènera chez lui, l’ayant emporté par ses présents. Car
jamais je n’ai vu de mes yeux un homme ou une femme semblable à toi ; le
respect s’empare de moi à ta vue. Autrefois, à Délos, près de l’autel
d’Apollon, j’ai remarqué une jeune pousse de palmier qui s’élançait ;
car là-bas aussi je suis allé, une grande armée me suivant dans ce voyage où
devaient m’arriver tant de malheurs. Comme, pareillement, en la voyant je fus
saisi d’admiration en mon cœur, car jamais une telle plante ne sortit de
terre, de même, femme, je suis charmé et subjugué devant toi, et je crains
terriblement de toucher tes genoux ; le chagrin affreux me pousse. Hier, le
vingtième jour, j’échappai à la mer vineuse ; jusqu’alors, toujours
la vague et les promptes tempêtes m’entraînaient loin de l’île
d’Ogygie. Maintenant, un dieu m’a jeté ici, jusqu’à ce que là aussi je
subisse un malheur ; je ne pense pas que cela cessera, mais les dieux
accompliront beaucoup de choses encore. Mais, princesse, aie pitié, car après
avoir subi bien des maux, c’est vers toi la première que je suis allé, je ne
connais personne des autres hommes qui habitent cette terre et cette cité.
Montre-moi la ville, donne-moi un haillon pour m’envelopper, si tu avais
quelque housse à envelopper le linge en venant ici. Puissent les dieux te
donner tout ce que ton esprit désire, un époux et une maison, et
qu’ils t’accordent une noble harmonie de sentiments. Car rien n’est
meilleur ni plus beau que lorsque l’homme et la femme habitent la maison en
s’accordant en leur âme ; grande douleur pour les envieux, sujets de
joie pour les amis. Mais c’est eux qui en ont le plus conscience. »
V.
186-197 : réponse de Nausicaa.
ὁ
ὄλβος,
ου : le bonheur
ἔμπης
= ἔμπας :
de toutes manières, quoi qu’on fasse
δευήσεαι
< δεύω :
être privé de
ἐπέοικε :
il convient de
ταλαπειριος,
ος,
ον :
qui a beaucoup souffert
ἀντιάσας :
participe aoriste de ἀντιάω-ῶ :
venir en suppliant
τοῦ δ’ἐκ... ἔχεται : c’est de lui que dépend…
Traduction :
Nausicaa
aux bras blancs lui répondit : « Étranger, tu ne sembles ni méchant,
ni fou. Zeus de lui-même, vois-tu, répartit le bonheur aux hommes, bons ou méchants,
comme il l’entend ; et
certes il t’a donné ce sort, de toutes façons il te faut le supporter. Mais
à présent, puisque tu es arrivé dans notre ville, sur notre terre, tu ne
manqueras pas de vêtements ni de quoi que ce soit, de ce qu’il convient à un
malheureux suppliant qui se présente. Je te montrerai la ville, je te dirai le
nom du peuple. Ce sont les Phéaciens qui habitent cette ville et ce pays. Moi
je suis la fille d’Alcinoos au grand cœur ; c’est de lui que les Phéaciens
tiennent leur force et leur puissance. »
V. 198-223 : Nausicaa accueille l’étranger
στῆτέ
μοι :
impératif aoriste de ἵστημι :
s’immobiliser, s’arrêter. μοι
= datif d’intérêt.
ἧ
μὴ
πού :
est-ce que par hasard… ?
φώς,
φωτός
: être humain, homme
φάσθε
< φήμι :
pensez-vous… Ce verbe a souvent le sens de « penser » chez Homère.
διερός :
qui épouvante, redoutable
ἡ
δηϊστῆς,
τῆτος :
l’hostilité
ἀπάνευθε
+ génitif : loin de, à l’écart de
πολύκλυστος
(ος,
ον)
πόντος :
la mer aux vagues agitées
ἄμμιν
= ἡμεῖς
;
ἄμμι
= ἡμῖν
ἐπιμίσγομαι :
avoir des relations
ἀλώμενος, η,
ον < ἀλάομαι-ῶμαι :
errer
κομέω-ῶ :
prendre soin de, soigner
πρὸς
Διός :
qui vient de la part de Zeus
δόσις
δ’ὀλίγη
τε
φίλη
τε :
expression proverbiale : « petite aumône, grande joie »
βρῶσις :
nourriture solide
πόσις :
boisson
NB :
dans l’édition des belles-lettres, il semble manquer un vers, que l’on
retrouve pourtant dans la traduction :
ἀλλὰ
δότ’,
ἀμφίπολοι,
ξείνῳ
βρῶσίν
τε
πόσιν
τε
Hé bien donnez, femmes, à l’étranger, de la nourriture et de la
boisson ;
Inversement,
dans l’édition Bérard (classiques Hachette), le vers 209 manque :
ἀλλ’ἄγε
οἱ
δότε
φᾶρος
εὐπλυνὲς
ἠδε
χιτῶνα
Hé bien donnez-lui un manteau bien lavé et une
tunique.
Les
deux vers se suivent manifestement et se complètent ; ils figurent tous
deux dans la traduction de Victor Bérard.
σκέπας,
αος
ἀνέμοιο :
un abri contre le vent
ἐπὶ...
ἐστι
= ἐπεστι
(tmèse)
ἀλλήλῃσι
κέλευσαν :
elles s’encouragèrent mutuellement
εἶσαν
< ἴζω :
elles firent asseoir
φᾶρος,
ους :
pièce de toile, manteau d’homme
χιτών,
ῶνος :
tunique d’homme
εἴματα :
comme vêtements
ῥοή,
ῆς
: courant d’un fleuve
ἀπόπροθε(ν) :
loin en avant᾿
ἀπολούσομαι
= subjonctif aoriste
ὤμοιϊν < ὤμος,
ου : épaule
δηρόν :
longtemps
ἀλοιφή :
graisse, huile (dont on s’enduit)
ἄντην :
en face
λοέσσομαι : subjonctif dans le sens d’un futur
Traduction :
Elle
ordonna à ses servantes aux belles boucles : « arrêtez-vous, mes
filles. Où fuyez-vous après avoir vu un homme ? Pensez-vous par hasard
qu’il soit un des méchants ? Il n’existe pas et il ne naîtra pas, le
mortel redoutable qui arriverait sur la terre des Phéaciens, en y apportant le
combat ! En effet nous sommes chers aux immortels. Nous habitons à l’écart,
sur la mer aux vagues agitées, les derniers, et aucun autre mortel n’a
commerce avec nous. Mais l’homme que voici est arrivé ici, malheureux errant,
qu’il faut maintenant soigner ; en effet tous les étrangers et les
mendiants sont des envoyés de Zeus. Petite aumône, grande joie ! Hé bien
donnez, femmes, à l’étranger, de la nourriture et de la boisson ; hé
bien donnez-lui un manteau bien lavé et une tunique. Lavez-le dans le fleuve, là
où il y a un abri contre le vent. »
Elle
parla ainsi ; les servantes s’arrêtèrent et s’encouragèrent
mutuellement, elles firent asseoir Ulysse à l’abri, comme l’avait ordonné
Nausicaa, fille d’Alcinoos au grand cœur, elles lui donnèrent un manteau et
une tunique comme vêtements, lui donnèrent de l’huile fluide dans le flacon
d’or, et le conduisirent dans le cours du fleuve pour le laver.
Mais
alors le divin Ulysse dit aux servantes :
« Femmes,
restez à l’écart, afin que moi-même je lave de mes épaules l’eau de mer,
et que je m’enduise d’huile. L’huile a longtemps manqué à ma peau. Je ne
me laverai pas devant vous ; car j’ai honte de me mettre nu devant des
jeunes filles aux belles boucles. »
Il
parla ainsi ; les servantes s’éloignèrent, et le dirent à la jeune
fille.
Commentaire :
Accès
de pudeur assez surprenant : à la période homérique, les hommes sont
baignés par les femmes, même vierges. Cf. le bain de Télémaque chez Nestor
(III, 464) et celui d’Ulysse à Troie (IV, 252). Mais peut-être ici est-il en
trop triste état pour se laisser voir… De fait, il faudra l’intervention
divine d’Athéna pour lui donner figure humaine !
V.
224-250 : Métamorphose d’Ulysse.
νίζομαι :
laver sur soi (moyen poétique)
χρόα
et ἅλμην :
Homère emploie très librement deux accusatifs de valeur différente pour
un même verbe.
ἀμπέχω :
envelopper, vêtir de
σμήχω :
enlever en essuyant
ὁ χνόος, ου :
l’écume
ἀτρυγέτος :
sens varié dans les scholies : « stérile », « infatigable »,
« infinie, sans fond », « limpide ». Bérard opte
pour le premier sens, dérivé de τρυγάω-ῶ.
ἕσσατο
: aoriste de ἕννυμι
πάσσων
< παχύς,
εῖα,
ύ
= comparatif. (παχύς,
πάσσων,
πάχιστος
= épais, gros, fort)
οὔλος, η, ον :
frisé,
crépu
ὑακίνθινος :
de couleur jacinthe (violet, bleu foncé…) ; contradiction avec XIII,
309 où l’on dit qu’Ulysse est blond. Mais Athéna a toute latitude pour
« arranger » l’apparence d’Ulysse, comme elle a précédemment
« arrangé » Télémaque (II, 12-14).
περιχεύομαι
< περιχέομαι
χρυσὸν
ἀργύρῳ :
verser de l’or autour de l’argent (pour faire ressortir les couleurs)
– subjonctif à voyelle brève.
ἴδρις :
savant, habile
κιών
< κίω :
aller
θῖνα
< θίς,
θινός
;
ἐπὶ
θῖνα
θαλάσσης :
sur le sable au bord de la mer
θηεῖτο
< θηέομαι-οῦμαι
= θεάομαι :
regarder.
ἀέκητι
+ génitif : malgré
ἐπιμίξομαι <
ἐπιμίγνυμι
: avoir des relations avec
ἀντιθεος,
ος,
ον :
semblable aux dieux
ἀεικέλιος :
misérable, vulgaire
δέατο :
semblait (archaïsme)
αἲ
γάρ
+ optatif = utinam (plaise aux dieux que…)
ἅδοι
< ἁνδάνω
(optatif aoriste) : plaire à, être agréable. V. 245 : οἱ
ἅδοι
αὐτόθι
μίμνειν :
qu’il lui plaise de rester ici.
Πολύτλας
δῖος Ὀδυσσεύς :
Le divin Ulysse qui a beaucoup souffert (formule homérique)
ἁρπαλέως :
avidement
ἐδητύς,
ύος
(f.) : nourriture
ἄπαστος, ος, ον : à jeun
V.
251-331 : retour vers la ville des Phéaciens.
πτύζασα
< πτύσσω
: plier un vêtement
ἀπήνη :
chariot, voiture à 4 roues
ἄν = ἀνά
κρατερῶνυξ,
υχος :
aux sabots solides
ὀτρύνω :
pousser, presser, exciter
ὄρσεο
= impératif aoriste de ὄρνυμι :
lève-toi
πέμψω :
subjonctif aoriste : envoyer, accompagner
δαΐφρων,
ονος :
vaillant, prudent, sage
εἰδησέμεν
< ὀράω-ῶ
ἕρδειν :
faire, accomplir
ἀπινύσσειν :
perdre connaissance, ou perdre la raison, déraisonner
ἔργα
= les cultures ; sens fréquent chez Homère
καρπαλίμως :
rapidement
ἐπὴν
= ἐπάν :
après que
v.
262 : « mais quand nous dominerons la ville… » [tu cesseras
de nous suivre] : forte opposition avec ce qui précède, puis longue
digression sur le site de la ville (262-272) et les Phéaciens (273-290).
πύργος :
enceinte garnie de tours, rempart
ἑκάτερθε :
de chaque côté : il y a un port de chaque côté de la presqu’île
où se trouve la ville.
λεπτός,
ή, όν :
mince, fin, étroit
εἰσίθμη :
entrée des ports
ἀμφιέλισσα,
ης :
à double courbure
ὁδόν
: sur le chemin (qui mène à la ville)
εἰρυαται
< ἐρύω :
tirer un navire de la mer. (parfait moyen-passif, 3ème pl. épique).
ἐπίστιον,
ου :
remise, hangar pour les bateaux
266
: σφι
= les Phéaciens
ἀμφις :
de chaque côté, ou loin de, à part de : l’agora, qui entoure la
belle statue de Poséidon
λᾶας,
λᾶος :
pierre. λάεσσι
= datif pluriel
ῥυτός,
οῦ :
sens mal défini : « tirés ? », « extraits du
sol » ? D’après les scholies, l’aède désigne des pierres
brutes, ou des galets posés sur la tranche.
κατωρυχέεσσι
= datif pluriel de κατῶρυξ,
υχος :
enfoui en terre, souterrain
ἀραρυῖα
= participe parfait actif, féminin de ἀραρίσκω
τὰ
ὅπλα :
les armes, ou les équipements ; ici, agrès des navires
ἀλέγω :
prendre soin de
πείσματα :
amarres
σπεῖρα :
cordage
ἀποξύνω :
aiguiser, polir
ἐρετμά :
rames
βιός,
οῦ
(Attention à l’accent ! Ne pas confondre avec βίος, ου,
la vie) : arc
φαρέτρα,
ας :
le carquois
ἱστός,
οῦ :
mât de navire
ἐΐσαι :
n’existe qu’au fém. pl. : bien équilibrés (νῆες,
les navires)
ἀγάλλομαι :
se réjouir de (+ datif)
περόωσι
< περάω-ῶ :
traverser
πολιός,
ά, όν :
gris, blanc, brillant ; πολιὴν
θάλασσαν :
la mer blanche d’écume
ἀλεείνω :
éviter, esquiver
ἀδευκής,
ής,
ές :
amer, sans douceur
μωμεύω
= μωμάομαι :
blâmer, railler, se moquer de
ὑπερφιαλος,
ος,
ον :
très fort, très puissant, arrogant
ἀντιβολήσας
< ἀντιβολέω-ῶ :
rencontrer
Tableau
de la ville – des remparts, un port très animé, des artisans… Peinture
animée d’une petite communauté de pêcheurs et de commerçants, à la fois
sympathique… et versée dans la médisance : chacun se surveille, et la
princesse est l’objet de tous les regards ! Peut-être faut-il voir là
une esquisse de poésie satirique… surtout lorsque Nausicaa donne la parole au
médisant !
v.
276-285 : le discours du médisant : elle mime en même temps !
πλαγχθείς :
participe parfait passif de πλάζω :
faire errer, dérouter ; ἧς
ἀπὸ
νηός :
loin de son navire
κομίζομαι :
recueillir, amener quelqu’un
τηλεδαπός,
ή, όν :
d’un pays étranger
εὐξαμένη
< εὔχομαι :
former des vœux, adresser une prière
πολυάρητος
= πολυάρατος,
ος,
ον :
qui est l’objet de beaucoup de souhaits
ἕξει
= futur de ἔχω
βέλτερον,
εἰ... :
il vaut mieux que
καὐτή
= καὶ
αὐτή
: par elle-même
ἐποιχομένη
< ἐποίχομαι :
s’approcher de
τούσδε :
« ceux d’ici » est précisé par l’apposition Φαίηκας
μνῶνται
< μνάομαι :
rechercher comme femme
ὄνειδος,
ους :
sujet de honte, affront
ῥέζω :
faire
ἀέκητι
+ génitif : malgré, en dépit de
ἀμφάδιος,
α, ον :
public
Grande
habileté de Nausicaa, qui après s’être moquée des Phéaciens – et avoir
ainsi établi une connivence avec Ulysse – s’arrange pour lui paraître
vertueuse et respectueuse des usages… et pour l’informer qu’elle est bel
et bien à marier ! À bon entendeur…
ὦκα :
vite
ξυνίει :
impératif présent de συνίημι :
faire attention à, écouter
πομπή,
ῆς :
escorte, fait de reconduire
δήομεν :
présent à sens futur de δήω :
trouver
ἄλσος,
ους :
bois sacré
κελεύθος,
ου :
chemin
αἴγειρος,
ου :
peuplier noir
λειμών,
ῶνος :
prairie
τεθαλώς,
υῖα, ός < θάλλω :
fleurir,
verdoyer
ἀλώη :
jardin, vignoble
πτόλιος :
génitif de πτόλις
, forme poétique de πόλις
ἀρίγνωτος,
η, ον :
reconnaissable (cf. v. 108)
τέτυκται
< τεύχω :
fabriquer, construire
ἥρως =
ἥρωος
κεκύθωσι
< κεύθω :
cacher, renfermer
τὸ
μεγάρον :
la grande salle du palais. Voir le plan du palais d’Ulysse (classiques
Hachette p. 464-465)
Image
de la mère : cf. v. 52-53. La femme a, chez les Phéaciens, un plus grand
rôle que dans la Grèce classique
αὐγή, ῆς : lumière
éclatante, rayons du soleil
ἐσχάρα, ης :
foyer ; ἐπ’ἐσχάρῃ :
à côté du foyer
ἠλάκατα, ων :
fils qu’on tire de la quenouille
στρωφάω-ῶ :
tourner et retourner
ἁλιπόρφυρος,
ος,
ον :
teint avec la pourpre de mer
κεκλιμένη
< κλίνω :
appuyer
ποτικέκλιται
< προσκλίνω :
être appuyé sur ou contre
οἰνοποτάζω :
boire du vin
ἐφήμενος :
assis ; τῷ
(relatif) reprend θρόνος :
assis sur ce trône.
παραμείβομαι :
passer le long de
ἐλπωρή
+ infinitif : espérance (chez Homère seulement).
ἵμασεν
< ἱμάζω :
fouetter
ῥέεθρον
= ῥεΐθρον :
lit ou courant d’un fleuve
πλίσσομαι :
marcher à grandes enjambées, avoir une bonne allure
τρώχων :
imparfait de τρωχάω-ῶ
= τρέχω
ἑποίατο :
optatif de possibilité : « puissent suivre »
νόῳ :
intelligemment, c’est-à-dire avec mesure
ἱμάσθλη, ης : fouet
v.
323-331 : prière à Athéna.
ἀτρυτώνη :
l’Invincible, épithète d’Athéna
πάρος :
auparavant
ῥαιόμενος :
étant naufragé
Ἐννοσίγαιος :
Celui qui ébranle la terre = Poséidon
πατροκασίγνητος :
oncle paternel (Athéna est fille de Zeus, lui-même frère de Poséidon)
ἐπιζαφελῶς :
violemment