ARISTOPHANE, LYSISTRATA (412-411)

Biographie d'Aristophane Prologue Parodos
Premier épisode Premier stasimon deuxième épisode
Troisième épisode exodos Un comique de langue ? Aristophane et le dorien.
Aristophane et les femmes    

PROLOGOS (1-253)

Cette partie est un dialogue qui précède l’entrée du chœur ; ici, elle occupe les vers 1 à 253.

Scène 1 (Lysistrata, Cléonice) – v. 1-68

les maris semblent mis sur le même plan que les bébés : des êtres dont il faut s’occuper.

Remarquer les homéotéleutes : -εν, -σεν : souligne la multiplicité des tâches et des contraintes infligées aux femmes.

=> Verbes en –μι : <revoir le verbe δείκνυμι.

Questions sur le texte :

I - Qu'est-ce qu'un prologue dans une comédie grecque ?

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II - Donnez la composition de la scène 1 (vers 1-68)

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III - Quelle image des femmes est ici donnée par Lysistrata et par Cléonice ? Quel est leur rôle dans la famille, dans la société ?

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IV - Montrez par quels moyens théâtraux Aristophane fait de Lysistrata un leader

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V - Les procédés comiques dans cette première scène

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Scène 2 : Lysistrata, Cléonice, Myrrhine, Lampito (v. 69-253)

Μυρρίνη, Myrrhine, apparemment habitante d’Anagyros, quartier particulièrement malodorant, porte le nom du Myrte : un peu comme si on l’appelait Rose, ou Violette…

==> Noter l’usage amusant des dialectes : Lampitô se distingue aussitôt par des formes doriennes : ναὶ τὼ σιώ, γυμνάδδομαι, πυγάν, ὑποψαλάσσω, ὑμέ… Faire entendre sur une scène athénienne ce parler spartiate devait produire un effet percutant !

  • πρέσβειρα, ας : une personne de qualité (adj. fém.)
  • κομψός, ή, όν : paré avec soin
  • παρατετιλμένη < παρατίλλω : épiler, arracher les mauvaises herbes
  • ἡ βληχώ, οῦς : pouliot, (plante), poil.
  • συναλιάζω : réunir en assemblée
  • ὁ στόλος : expédition militaire, troupe d’hommes
  • μυσίδδω = μυθίζω (forme laconienne) : raconter, dire
  • λῇς < λάω : vouloir (mot dorien)
  • ἐπέρομαι (ἐπερήσομαι) : interroger de nouveau
  • ποθέω-ῶ : regretter
  • ἀποδημέω-ῶ : voyager hors de son pays, être absent de son pays
  • τέλεος, α/ ος, ον = τέλειος : à qui rien ne manque, entier
  • [ v. 105] ἡ ταγή, ῆς : ordre de commandement
  • ἔλσῃ < ἔρχομαι : forme laconienne 3ème pers. du subjonctif. Provient de l’aoriste ἦλσον (= ἦλθον)
  • ποκά = ποτέ
  • πορπακίζομαι : porter un bouclier
  • φροῦδος, η, ον : en route, parti
  • ἀμπτάμενος = ἀναπετάμενος < ἀναπέτομαι : s’envoler
  • μοιχός, οῦ : homme adultère, d’où ici « galant »
  • φεψάλυξ : étincelle ; οὐδὲ φεψάλυξ, pas même une étincelle ; c’est, d’après J. Taillardat [1], un « hapax d’emploi », et il propose la traduction : « et il n’en reste pas seulement un feu-follet ».
  • ὄλισβος, ου : phallus en cuir, godemiché
  • σκύτινος, η, ον : en cuir
  • ἐπικουρία : secours, assistance. La σκυτίνη ‘πικουρία est l’ ὄλισβος ci-dessus mentionné, dont les Athéniennes sont privées depuis que leur fournisseur, Milet, a rompu avec Athènes…
  • τἄν = τοι ἄν
  • τὸ ἔγκυκλον, ου : sorte de vêtement de femme, rond ( ?) : une jupe ??
  • κατατίθημι : déposer, mettre en gage
  • αὐθημερόν : le jour même
  • ὡσπέρει : en quelque sorte
  • ψῆττα, ας : plie ou barbue, sorte de poisson plat qui passait pour être coupé en deux ; cf. Platon, Banquet, 191d.
  • ἀφεκτέον < ἀπέχομαι : il faut s’abstenir (+ gén.)
  • τὸ πέος, ους : membre viril, verge
  • μοιμυάω-ῶ :faire la moue
  • ἀνανεύω : faire un signe de refus (en jetant la tête en arrière)
  • κατείβομαι : tomber, couler
  • παγκαταπύγων, ων, ον : « tout pour les fesses » ; terme très cru, et comique dans la bouche d’une femme jugeant ses consœurs.
  • οὐκ ἐτός : non sans raison. Attention, faux ami : ne pas confondre ἐτός et τὸ ἔτος, ους, l’année.
  • ψωλή, ῆς : le gland de la verge
  • ἐντετριμμένος,η, ον < ἐντρίβω : maquillé, fardé
  • παρατετιλμένη < παρατίλλω : épiler, arracher les mauvaises herbes
  • στύομαι : être en érection
  • σπλεκόω-ῶ : avoir des relations sexuelles
  • προσίημι : laisser approcher de soi
  • γῶν = γοῦν
  • τὸ μῆλον, ου : pomme ou coing ; métaphore habituelle pour désigner les seins.
  • ὦ μέλε (adressé à un homme ou une femme) : « mon bon, ma bonne »
  • φλυαρία, ας :bavardage, niaiserie
  • τὰ μεμιμημένα < μιμέομαι-οῦμαι : les imitations, les simulacres. Le mot est surtout drôle par ses sonorités.
  • κἄλλως : attention à la crase et à l’orthographe != καὶ ἄλλως : et autrement, et par ailleurs.
  • ὀδυνάω-ῶ : causer de la douleur, faire souffrir
  • ἀμέλει : sois tranquille (impératif d’ἀμελέω-ῶ employé adverbialement
  • ἀπερῶ :futur d’ ἀπεῖπον (rattaché à λέγω) : refuser, renoncer à
  • [v.165] εὐφρανθήσεται : futur passif de εὐφραίνω : réjouir
  • ῥυἅχετον :faute de frappe pour ῥυάκετον : foule tumultueuse, populace [ā]
  • πλαδδιῆν < πλαδδιάω-ῶ (mot laconien) : radoter ; cf. v. 990
  • ἆς (mot laconien) : tant que
  • ἄβυσσος, ος, ον : sans fond
  • [I] Jean Taillardat, Les images d’Aristophane, études de langue et de style, Belles Lettres, 1965, 553 p.

    ==> moment décisif, suite à la remarque de Lampitô : il ne s’agit plus seulement d’une « grève du sexe », mais d’une occupation de l’Acropole, centre religieux, politique et financier d’Athènes : en effet, les temples servaient de banque.

    A l’issue de ce prologos, les grandes lignes de l’action sont posées ; nous connaissons les protagonistes – Lysistrata, d’abord, la meneuse, puis Cléonice (assez portée sur l’alcool…), Myrrhine, et Lampitô la Spartiate, amusante par son dialecte, mais qui se révèle l’auxiliaire la plus efficace de Lysistrata. On remarquera que les femmes ignorent totalement les conflits qui opposent les hommes : aucune hargne ne vient empêcher leur complicité ; elles réalisent l’idéal panhellénique par leur simple comportement. La double action est elle aussi entamée : la « grève du sexe », d’un côté, l’occupation de l’Acropole, de l’autre. Et les menaces s’annoncent : la réaction des hommes, à commencer par les vieillards, qui sont les seuls hommes restés dans la cité…

    Un comique de langue ? Aristophane et le dorien.

    Dans Lysistrata, le dialecte dorien est particulièrement bien représenté, avec trois personnages :

    1. Lampitô, du vers 81 au vers 206, l’une des instigatrices de la révolte, et le lieutenant le plus efficace de Lysistrata.
    2. Un héraut, des v. 980 à 1012 ;
    3. Enfin un Laconien venu négocier la paix, des v. 1076 à 1272 ; celui-là aura même droit à un chant de 25 vers (1248-1272).

    Cela représente au total moins d’une centaine de vers, certains très courts, ou réduits à un hémistiche ; mais l’effet produit devait être important, surtout en période de guerre contre Sparte… Le laconien, c’est la langue de l’ennemi !

    Cette présence du laconien nous donne un tableau assez complet de ce dialecte :

    Phonétique :

    Morphologie :

    Lexique et expressions particulières :

    On remarquera cependant que les expressions laconiennes s’intègrent naturellement dans le dialogue, sans que jamais l’un des interlocuteurs ne manifeste le moindre signe d’incompréhension : le Laconien devait être perçu comme un accent, plus que comme un dialecte. Un peu comme le Marseillais revu et corrigé par les Parisiens ? C’est d’ailleurs le parti pris de Victor-Henry Debidour, qui traduit ainsi une réplique de Lampitô : « Bouh ! vous me palpez comme une pastèque, qué ! » (v. 84)

    Aristophane, étude du prologue :

    1. Donnez la composition de l'ensemble du prologue : .......................................................................................................................... ............................................................................................................................. .............................................................................................................................
    2. À l'issue du prologue, que savons-nous de la situation, des personnages, de l'action à venir ? .......................................................................................................................... ............................................................................................................................. .............................................................................................................................
    3. Lisez l'étude sur le comique de langue et le dialecte dorien. .......................................................................................................................... ............................................................................................................................. .............................................................................................................................
    4. Traduire (sans regarder la traduction !) les vers 146-166 (p. 18) .......................................................................................................................... ............................................................................................................................. .............................................................................................................................

    La Parodos (v. 254-385)

    Exceptionnellement cette partie est double, car il y a deux chœurs qui s’opposent : celui des vieillards, et celui des femmes. Le chœur des vieillards occupe les vers 254-318, celui des femmes de 319 à 352 ; s’ensuit un premier « agôn » entre les deux chœurs (353-385)

    Pour le concours de Lyon 2009, les parties chantées ne sont pas à traduire.

    Le chœur des vieillards.

    [v. 266-270]

    Chaque demi-chœur chante à son tour (strophe / antistrophe) ; le coryphée se charge des parties parlées.

    [v. 281-285]

    [v. 306-318]

    Comique du chœur des vieillards : contraste amusant entre la vigueur de leurs propos, leur ardeur guerrière… et leur faiblesse physique : ils croulent sous le poids du bois qu’ils apportent, ont l’échine meurtrie par leur charge… En même temps, ces vieillards sont la caricature de ces « va-t-en-guerre » que précisément les femmes veulent combattre. Ils évoquent leur passé glorieux, haïssent les Spartiates…

    Le chœur des femmes.

    Seconde entrée, évidemment contraire à la première : opposition hommes / femmes, feu / eau, assiégeants / assiégées…

    [319-320]

    [350-386]

    Il s’agit d’un « agôn » entre les deux coryphées : celui des vieillards, celui des femmes : stichomythie, qui s’achève en bagarre, particulièrement comique, entre une femme et un vieillard.

    Moment intensément comique, qui commence par un affrontement verbal, et s’achève par une bataille d’eau ; les vieillards, hargneux, sont battus à plate couture et se retrouvent trempés.

    Premier épisode

    Arrivée d’un nouveau personnage : le commissaire de police et ses archers scythes (l’équivalent de nos gardes mobiles). Le πρόβουλος était un conseiller délibérant avant de soumettre une affaire au peuple : entre notre commissaire de police et notre juge d’instruction. Les archers scythes étaient des esclaves publics, sous les ordres des Onze, et chargés de l’ordre public, notamment dans les tribunaux.

    Archers scythes

    [387-430 : scène 1, le commissaire et le chœur des vieillards]

    [430-475 : scène 2, sortie des femmes]

    Strophe du demi-chœur des vieillards : partie qui n’est pas à traduire ; (476-483) ; l’antistrophe, de l’autre demi-chœur des femmes, se trouve v. 541-547.

    Second demi-chœur : antistrophe des femmes (541-547) ; le chœur se comporte comme un véritable personnage collectif, qui intervient dans le dialogue.

    ==> effet comique : les femmes utilisent une métaphore spécifiquement féminine, le filage de la laine ; mais le commissaire, obtus, prend l’image au pied de la lettre.

    L’épisode se termine sur une dernière plaisanterie des femmes, la sortie piteuse du commissaire, et celle des femmes.

    PREMIER STASIMON (614-705)

    [614-625] : strophe. Partie chantée (qui n’est donc pas à traduire) ; « je flaire la tyrannie d’Hippias » : image assez paradoxale d’une tyrannie populaire, appuyée sur une partie du peuple, et qui fut combattue par l’aristocratie. Allusion au présent, menaces – oligarchiques, elles ! – soutenues par les Spartiates, et qui aboutissent en 411, peu après la pièce, à la tyrannie des Quatre-Cents ?

    [626-635] : partie parlée, chœur des vieillards.

    Caractère comique des vieillards, obtus, et prenant grotesquement des poses guerrières, en opposition avec leur état physique.

    [636-647] : antistrophe, chœur des vieilles femmes. Elles s’adressent ici manifestement au public, après avoir déposé manteaux et masques (Ἀλλὰ θώμεσθ’,ὦ φίλαι γρᾶες, ταδὶ πρῶτον χαμαί.) = PARABASE. (mais cette parabase n’est pas en anapestes ! (deux brèves, une longue)

    [648-657]

    [658-670] : épirrhème des vieillards ; 2ème partie de la parabase ; eux aussi ôtent leur costume de scène : ᾿Αλλὰ τὴν ἐξωμίδ’ ἐκδυώμεθα... (v. 662) ; l’exomide est une tunique courte portée par les hommes pauvres et les esclaves.

    [671-681]

    [682-695] : antépirrhème des vieilles femmes.

    [696-705]

    DEUXIEME EPISODE (706-780)

    Il commence par un coup de théâtre : alors que Lysistrata s’était retirée sur un triomphe, après avoir fait battre en retraite les vieillards et les archers scythes, elle sort de la citadelle hors d’elle et désespérée ; c’est que les femmes se révèlent incapables de tenir leurs engagements de grève du sexe… On retrouve cette idée misogyne de la femme gouvernée par ses instincts, hystérique en somme…

    Lysistrata, en bon chef d’armée, a rétabli la situation, en utilisant la crédulité des femmes – mais les « vrais » généraux n’hésitaient pas non plus à recourir aux oracles ! – ainsi que leur désir.

    2ème stasimon (781-828)

    Les deux chœurs, des vieilles femmes et des vieillard, restent face à face : petites histoires parallèles, gestes obscènes, menaces de coups…

    TROISIÈME ÉPISODE (829-1042)

    Long et décisif épisode en plusieurs scènes : les femmes vont affronter les hommes mûrs, et non plus seulement des vieillards ou des gendarmes.

    Première partie : la mésaventure de Cinésias (829-979).

    Lysistrata, Myrrhine, sur l’Acropole, Cinésias, plus bas (829-864).

    Entrée de Cinésias [845]

    Entrée de Myrrhine [870]

    Une scène très drôle, fondée sur le comique de répétition (Myrrhine sort chaque fois que Cinésias veut la saisir), et un badinage amoureux annonçant Marivaux – en plus obscène. Les femmes, présentées comme soumises à leurs instincts dans l’épisode précédent sont ici maîtresses du jeu, et d’elles-mêmes.

    Cinésias, seul avec le chœur des vieillards (952-979)

    Déploration comique, qui est aussi une parodie de tragique : cris et gémissements, malédictions souhaitant l’anéantissement total de l’ennemi – avec usage de l’hyperbole… Mais en même temps, passage porteur d’espoir : alors que les vieillards ressassent leur misogynie, Cinésias, lui, continue d’affirmer son amour pour Myrrhine, promesse de réconciliation et de retour à l’ordre.

    Deuxième partie : négociations de paix

    le héraut spartiate et le prytane athénien ((980-1013)

    L’on retrouve ici le dialecte laconien de la belle Lampito, parlé ici par un héraut.

    Réconciliation des deux chœurs (1014-1042)

    3ème STASIMON (v.1043-1071)

    Les deux chœurs sont enfin réunis ; ce stasimon comprend deux strophes (ode, antode) mais pas de partie parlée (épirrhème).

    EXODOS : évacuation de l’Acropole (1216-1278).

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