EDIPO RE, Film de Pier Paolo Pasolini (1967)


QUELQUES INFORMATIONS SUR PASOLINI :
Pasolini naît le 5 mars 1922 à Bologne ; à quinze ans il découvre les poésies de Rimbaud, et publie ses premiers poèmes en 1942 (Poésies à Casarsa).
En 1947 il s'inscrit au PCI, mais il en est exclu en 1949 à la suite d'un scandale : il a été accusé de corruption de mineurs.
1955 : publication de Ragazzi di vita (Les Ragazzi
1956 : Le Ceneri di Gramsci (Les cendres de Gramsci)
1959 : Una vita violenta (une vie violente)
1961 : il débute comme metteur en scène de cinéma avec Accattone ; il publie La Religione del mio tempo
1962-63 : films Mamma Roma et La Ricotta
1964 : Il Vangelo secondo Matteo (L'Evangile selon St Matthieu) obtient le prix spécial du Jury au 25ème festival de
Venise
1966 : film Ucellacci e ucellini (Oiseaux petits et gros)
1967 : Edipo Re (Œdipe Roi)
1968 : film Teorema (Théorème)
1969 : Porcile (Porcherie) et Medea (Médée) films
1971 : film : Il Decameron (Le décameron) ; recueil de poésies : Tasumanar e organizzar
1972 : I racconti di Canterbury (Les contes de Canterbury) (film)
1974 : Les Mille et une nuits (film)
1975 : Pasolini publie chez Einaudi Il Padre selvaggio (Le Père sauvage), La Divina Mimesis et la Nuova Gioventù (La Nouvelle jeunesse), et chez Garzanti le recueil Scritti corsari (Ecrits corsaires).
Le 2 novembre, il est sauvagement assassiné à Ostie, près de Rome.
Le film Salo o le 120 giornate di Sodoma (Salo ou les 120 jours de Sodome) sort après sa mort et connaît la violence de la critique et quelques ennuis judiciaires.

Edipo Re :
Reprise assez exacte du scenario de Sophocle, sauf que l'ensemble du mythe est montré. Première et dernière scène : une Italie presque contemporaine, où Laïos fait penser à une officier fasciste (la violence faite au fils s'explique ainsi : jalousie violente à l'égard de l'enfant "qui lui prend tout"). Cette modernité montre le caractère universel et intemporel du mythe - et peut-être un caractère autobiographique : les dernières scènes se déroulent devant la cathédrale de Bologne, ville natale de Pasolini.


Puis transposition dans une Afrique du Nord proche sans doute de ce qu'était la Grèce antique. Costumes un peu "kitsch" mais
décors de désert et de forteresse assez spectaculaire. (scènes d'exode, de peste...)
Jeu sur la durée : le combat contre le père et son escorte semble durer des heures, alors qu'il ne fait que quelques lignes chez Sophocle. Alors que les autres personnages changent, Jocaste semble figée dans le temps : visage intemporel, figé, tragique.


Reprise d'un procédé hérité du cinéma muet : les "cartons" entre les scènes. Manière quasi brechtienne de créer la distanciation, d'éviter l'identification du spectateur aux héros (les costumes kitsch ont sans doute aussi cette fonction), afin de permettre, au delà de l'émotion brute suscitée par les décors, la musique obsédante et le spectacle de la violence,  une réflexion philosophique sur ce qui nous est montré.