Version : une éducation spartiate selon Xénophon

Une éducation spartiate selon Xénophon

Hoplite - musée archéologique de SparteInformations[1]

Lycurgue, pour rendre sa cité, Sparte, puissante, veut donner aux enfants une éducation "à la dure"...

Ἀντί γε μὴν τοῦ ἁπαλύνειν τοὺς πόδας ὑποδήμασιν ἔταξεν ἀνυποδησίᾳ κρατύνειν [...]. Καὶ ἀντί γε τοῦ ἱματίοις διαθρύπτεσθαι ἐνόμιζεν ἑνὶ ἱματίῳ δι᾽ ἔτους προσεθίζεσθαι, νομίζων οὕτως καὶ πρὸς ψύχη καὶ πρὸς θάλπη ἄμεινον ἂν παρεσκευάσθαι. Σῖτόν γε μὴν ἔταξε τοσοῦτον ἔχοντα συμβολεύειν τὸν εἴρενα1 ὡς ὑπὸ πλησμονῆς μὲν μήποτε βαρύνεσθαι, τοῦ δὲ ἐνδεεστέρως διάγειν μὴ ἀπείρως ἔχειν, νομίζων τοὺς οὕτω παιδευομένους μᾶλλον μὲν ἂν δύνασθαι, εἰ δεήσειεν, ἀσιτήσαντας ἐπιπονῆσαι, μᾶλλον δ᾽ ἄν, εἰ παραγγελθείη, ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ σίτου πλείω χρόνον ἐπιταθῆναι [...] Ὡς δὲ μὴ ὑπὸ λιμοῦ ἄγαν αὖ πιέζοιντο, ἀπραγμόνως μὲν αὐτοῖς οὐκ ἔδωκε λαμβάνειν ὧν ἂν προσδέωνται, κλέπτειν δ᾽ ἐφῆκεν ἔστιν ἃ τῷ λιμῷ ἐπικουροῦντας. Καὶ ὡς μὲν οὐκ ἀπορῶν ὅ τι δοίη ἐφῆκεν αὐτοῖς γε μηχανᾶσθαι τὴν τροφήν, οὐδένα οἶμαι τοῦτο ἀγνοεῖν· δῆλον δ᾽ ὅτι τὸν μέλλοντα κλωπεύειν καὶ νυκτὸς ἀγρυπνεῖν δεῖ καὶ μεθ᾽ ἡμέραν ἀπατᾶν καὶ ἐνεδρεύειν, καὶ κατασκόπους δὲ ἑτοιμάζειν τὸν μέλλοντά τι λήψεσθαι. Ταῦτα οὖν δὴ πάντα δῆλον ὅτι μηχανικωτέρους τῶν ἐπιτηδείων βουλόμενος τοὺς παῖδας ποιεῖν καὶ πολεμικωτέρους οὕτως ἐπαίδευσεν. Εἴποι δ᾽ ἂν οὖν τις, τί δῆτα, εἴπερ τὸ κλέπτειν ἀγαθὸν ἐνόμιζε, πολλὰς πληγὰς ἐπέβαλλε τῷ ἁλισκομένῳ ; ὅτι, φημὶ ἐγώ, καὶ τἆλλα, ὅσα ἄνθρωποι διδάσκουσι, κολάζουσι τὸν μὴ καλῶς ὑπηρετοῦντα. Κἀκεῖνοι οὖν τοὺς ἁλισκομένους ὡς κακῶς κλέπτοντας τιμωροῦνται.

Xénophon, La République des Lacédémoniens, II, 1-8.

Note 1: un "irène" est un jeune homme de 20 ans, qui, ayant achevé son éducation, exerçait son autorité sur les enfants plus jeunes.

Écoutez attentivement la lecture du texte :

Éducation spartiate,(1:50)Informations[2]

Question

Traduisez le texte ci-dessus, en utilisant les outils à votre disposition ainsi que les indices ci-dessous.

Indice

  • On a la même construction deux fois :

    1. Ἀντί γε μὴν τοῦ ἁπαλύνειν τοὺς πόδας ὑποδήμασιν : au lieu de leur amollir les pieds avec des sandales...

    2. ἀντί γε τοῦ ἱματίοις διαθρύπτεσθαι : au lieu de les efféminer avec des vêtements...

    l'article sert à substantiver l'infinitif : ἁπαλύνειν τοὺς πόδας et διαθρύπτεσθαι.

  • Σῖτόν γε μὴν ἔταξε τοσοῦτον ἔχοντα συμβολεύειν τὸν εἴρενα ὡς ὑπὸ πλησμονῆς μὲν μήποτε βαρύνεσθαι, τοῦ δὲ ἐνδεεστέρως διάγειν μὴ ἀπείρως ἔχειν :

    • Σῖτόν γε μὴν ἔταξε τοσοῦτον ἔχοντα συμβολεύειν τὸν εἴρενα : il établit (ἔταξε) que l'irène ayant la nourriture (τὸν εἴρενα... σῖτον ἔχοντα)

    • la distribue en quantité telle (τοσοῦτον συμβολεύειν)

    • qu'ils ne soient jamais alourdis par la satiété (ὡς ὑπὸ πλησμονῆς μὲν μήποτε βαρύνεσθαι),

    • et qu'ils ne soient pas sans expérience (μὴ ἀπείρως ἔχειν)

    • du fait de vivre avec le manque (τοῦ δὲ ἐνδεεστέρως διάγειν - encore un infinitif substantivé !)

  • ὡς μὴ... πέζοιντο : afin qu'ils ne soient pas accablés. Il s'agit de l'expression du but (ὡς + subjonctif), mais ici avec un optatif oblique dans un contexte passé.

  • ὡς μὲν οὐκ ἀπορῶν : mot à mot "en tant que non embarrassé". d'où : "ce n'est pas parce qu'il était embarrassé"...

  • Enfin, dans la phrase τἆλλα, ὅσα ἄνθρωποι διδάσκουσι, ὅσα est un relatif dont l'antécédent est τἆλλα (= τὰ ἄλλα) : "les autres disciplines, toutes celles qu'enseignent les hommes..."

Solution

Et au lieu d'amollir les pieds avec des sandales il prescrivit de les affermir en allant pieds nus [...] et au lieu de les rendre efféminés par leurs vêtements, il établit l'usage qu'ils soient accoutumés à un seul vêtement tout au long de l'année, pensant qu'ainsi ils seraient mieux préparés aux froids et aux chaleurs. Il a d'autre part prescrit que l'irène ne distribue qu'une quantité de nourriture telle qu'ils ne soient jamais alourdis par la satiété, mais qu'ils ne manquent pas de l'expérience de rester sur leur faim, pensant que des gens ainsi éduqués seront davantage capables, si nécessaire, de continuer à peiner en ayant faim, et, s'il en ont reçu l'ordre, de tenir plus longtemps sans nourriture[...] En revanche, afin qu'ils ne soient pas trop accablés par la faim, il ne leur laissa pas prendre sans effort ce dont ils avaient besoin, mais il leur permit de voler certaines choses pour se défendre contre la faim. Et s'il leur permit de se débrouiller pour se procurer de la nourriture, ce n'est pas parce qu'il ne savait que leur donner : je pense que personne ne l'ignore. Mais il est évident que celui qui s'apprête à voler doit rester éveillé la nuit, et pendant le jour ruser et se mettre en embuscade, et que celui qui s'apprête à prendre quelque chose doit disposer des guetteurs. C'est en voulant de toute évidence rendre les enfants plus aptes à obtenir ce dont ils ont besoin, et plus belliqueux, qu'il leur apprit tout cela. On dira : "pourquoi donc, s'il considère que voler est bien, a-t-il fait rouer de coups celui qui se faisait prendre ? – parce que, dis-je, pour les autres disciplines aussi qu'enseignent les hommes, on punit celui qui n'obéit pas bien. Et eux punissent ceux qui se font prendre parce qu'ils sont de mauvais voleurs.

Complément

Vous pouvez retrouver ici un extrait plus large.

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