Reconnaître les déterminants démonstratifs

Nous avons recopié ici deux extraits du texte d'Antonine Maillet.

Tout à coup, Marie Cormière agrandit les yeux et tendit l'oreille... Arrêtez, arrêtez ce bruit, ces roues de charrette qui grincent, arrêtez-les, l'enfant est malade... arrêtez le bruit des essieux... Mais non, Marie, la charrette ne bouge pas, tu divagues, personne ne bouge... Si, si, j'entends, tenez-vous tranquille, j'entends les essieux, le fouet... arrêtez-les !... Où donc est la Célina ? Pour l'amour de Dieu, Célina ! Qu'est-ce qu'elle fait à traîner comme ça ?... Entre les buissons, l'Ecossoise a repéré une laize de terre molle... Viens-t'en, Célina !... Arrêtez la charrette !... Mais où ? Là-bas, non, à gauche, tout proche, tout proche... Arrête ! [...]

Pélagie vit le geste et s'interposa :

– Venez, qu'elle dit, venez vous déraidir un petit brin les jambes, Bélonie, vous trottez point assez ces derniers temps.

Et prenant le vieillard sous le bras, elle l'entraîna en haut du champ. Quand ils furent seuls, tous les deux, Pélagie laissa tomber de son cœur :

– Alors, c'te fidèle compagne de l'homme, elle va s'en prendre aux enfants asteur, la Faucheuse ? La Métiveuse ?

Bélonie hocha la tête et ne répondit pas. Elle devait pourtant savoir, Pélagie, elle, la veuve du Grand Dérangement, que la vie n'épargne pas plus les hommes que les peuples, que pour grandir, il faut laisser la peau de l'enfance derrière soi.

Pélagie serra les dents :

– Non, Bélonie, point de paraboles. C'est point l'enfance d'un peuple qui gît là dans le foin sauvage ; c'est le petit Frédéric qui grimpait dans les âbres encore hier et mangeait des cerises à grappes, et chantait « J'ai du grain de mil », et avisait de ses yeux bleus la ligne d'horizon en quête d'un pays qu'il ne connaîtra jamais. C'est cestuy-là que la Faucheuse a pris et garroché au fond de sa charôme de charrette !

Et baissant la voix, elle ajouta, la gorge rauque :

– Prenez-vous plaisir à l'entendre grincer des roues, votre coche maudit ?

Bélonie aurait eu tant à dire là-dessus. Savait-elle au moins, Pélagie, d'où il venait, ce coche, et quel était le visage de son cocher ?

Question

Dans le texte ci-dessus, relevez et classez les déterminants démonstratifs.

Solution

Tout à coup, Marie Cormière agrandit les yeux et tendit l'oreille... Arrêtez, arrêtez ce bruit, ces roues de charrette qui grincent, arrêtez-les, l'enfant est malade... arrêtez le bruit des essieux... Mais non, Marie, la charrette ne bouge pas, tu divagues, personne ne bouge... Si, si, j'entends, tenez-vous tranquille, j'entends les essieux, le fouet... arrêtez-les !... Où donc est la Célina ? Pour l'amour de Dieu, Célina ! Qu'est-ce qu'elle fait à traîner comme ça ?... Entre les buissons, l'Ecossoise a repéré une laize de terre molle... Viens-t'en, Célina !... Arrêtez la charrette !... Mais où ? Là-bas, non, à gauche, tout proche, tout proche... Arrête ! [...]

Pélagie vit le geste et s'interposa :

– Venez, qu'elle dit, venez vous déraidir un petit brin les jambes, Bélonie, vous trottez point assez ces derniers temps.

Et prenant le vieillard sous le bras, elle l'entraîna en haut du champ. Quand ils furent seuls, tous les deux, Pélagie laissa tomber de son cœur :

– Alors, c'te fidèle compagne de l'homme, elle va s'en prendre aux enfants asteur, la Faucheuse ? La Métiveuse ?

Bélonie hocha la tête et ne répondit pas. Elle devait pourtant savoir, Pélagie, elle, la veuve du Grand Dérangement, que la vie n'épargne pas plus les hommes que les peuples, que pour grandir, il faut laisser la peau de l'enfance derrière soi.

Pélagie serra les dents :

– Non, Bélonie, point de paraboles. C'est point l'enfance d'un peuple qui gît là dans le foin sauvage ; c'est le petit Frédéric qui grimpait dans les âbres encore hier et mangeait des cerises à grappes, et chantait « J'ai du grain de mil », et avisait de ses yeux bleus la ligne d'horizon en quête d'un pays qu'il ne connaîtra jamais. C'est cestuy-là que la Faucheuse a pris et garroché au fond de sa charôme de charrette !

Et baissant la voix, elle ajouta, la gorge rauque :

– Prenez-vous plaisir à l'entendre grincer des roues, votre coche maudit ?

Bélonie aurait eu tant à dire là-dessus. Savait-elle au moins, Pélagie, d'où il venait, ce coche, et quel était le visage de son cocher ?

Déterminant démonstratif simple :

Singulier

Pluriel

Masculin

ce bruit

ce coche

ces derniers temps

Féminin

c'te fidèle compagne (1)

asteur (1)

ces roues

Il n'y a pas dans ce texte de démonstratif composé.

(1) Antonine Maillet reproduit ici le parler des Acadiens : une langue orale, populaire. Deux exemples sont présents dans le texte :

  1. c'te fidèle compagne (= cette fidèle compagne) : on trouve cette prononciation également en France.

  2. asteur (à c't'heure, à cette heure) est ici devenu un véritable adverbe, synonyme de "maintenant", et dont l'étymologie semble oubliée, comme en témoigne la graphie phonétique.