Le complément de lieu : typologie

Parmi les nombreuses fonctions circonstancielles du nom figure en bonne place le complément circonstanciel de lieu.

On peut distinguer deux types de compléments de lieu :

  • Le complément essentiel, qui ne peut être ôté sans que la phrase devienne agrammaticale ou incompréhensible :

    Par exemple, un verbe comme "aller" ne peut, sauf exception, s'employer sans complément de lieu ; il faut nécessairement aller quelque part ! Lorsque l'Hernani de Victor Hugo se définit comme « Une force qui va », l'écart poétique tient justement dans l'absence d'un complément de lieu obligatoire : c'est un mouvement sans but, sans projet...

  • Le complément circonstanciel, toujours facultatif.

Nous examinerons de plus près cette différence un peu plus loin.

Le complément de lieu peut être un nom commun (« je suis dans le jardin »), un pronom (« j'y suis »), un adverbe (« il reste dehors », « là-bas, il fera meilleur qu'ici »), ou encore une proposition subordonnée (« J'irai où tu iras »). Nous étudierons ce dernier cas dans la deuxième partie consacrée à la phrase.

Comme son nom l'indique, le complément de lieu sert à définir le lieu dans lequel se produit le phénomène décrit ou dans lequel se trouve l'objet défini par la phrase.

Lorsqu'il est de type nominal, le complément de lieu prend la plupart du temps la forme d'un groupe nominal introduit par une préposition.

Exemple

Je suis dans le jardin, je voyage en France, je viens de la ville...

Cas général : le complément de lieu prépositionnel

Contrairement aux langues à flexion (notamment le latin et le grec ancien), le français ne fait aucune différence formelle entre le complément de lieu "sans mouvement" et le complément de lieu "directif", par exemple : "J'habite à Paris / je vais à Paris."

Dans les deux cas, il utilisera à préposition "à".

En revanche, il distinguera le complément de lieu marquant l'emplacement ou la direction (préposition ") du complément indiquant l'origine (préposition "de").

Cette distinction se retrouvera dans la pronominalisation :

  • La localisation et la destination s'expriment alors au moyen du pronom "y" : j'y suis, j'y vais.

  • L'origine s'exprime au moyen du pronom "en" : j'en arrive.

Cependant, les compléments de lieu ne se limitent pas à la distinction « emplacement / direction / origine » : on trouve aussi de multiples prépositions ou locutions prépositionnelles qui indiquent la position d'un objet par rapport à un autre : « sur, sous, dans, hors de, devant, derrière, à droite, à gauche » etc.

Enfin, nous étudierons plus loin, séquence 27, le cas particulier de l'adverbe relatif « où ».

Un cas particulier : le complément de lieu sans préposition.

On trouve également des compléments de lieu sous la forme d'un groupe nominal sans préposition. C'est le cas, notamment, lorsque le complément de lieu indique une adresse précise, et que le nom noyau de ce groupe nominal indique, par sa sémantique, un lieu ou un chemin :

"Je me rends place des Grands Hommes" ; "j'ai cours bâtiment C" ; "j'habite rue Tartempion"...

Dans tous ces exemples, "place", "bâtiment", "rue" sont des noms indiquant une localisation précise, codifiée.

On dira donc : "Madame de Sévigné habitait place Royale, à Paris" : "place Royale" (l'actuelle place des Vosges) indique une localisation précise, "à Paris" un complément de lieu au sens plus large.