Identifier le genre des noms

Fama se commanda de continuer et traversa la rue. Un bout de temps éloignait encore de l'heure de la quatrième prière, le temps de marcher vite et d'arriver à la mosquée. Il évita deux taxis, tourna à droite, contourna un carré, déboucha sur le trottoir droit de l'avenue centrale et se mêla à la foule coulant vers le marché. Là, entre les toits, apparaissaient divers cieux : le tourmenté par les vents qui arrachaient des nuages pour les jeter sur le soleil déjà couvert et éteint, le bas épais et indigo montant de la mer et avançant sur les maisons et les arbres inquiets et tremblotants. L'orage était proche. Ville sale et gluante de pluies ! pourrie de pluies ! Ah ! nostalgie de la terre natale de Fama ! Son ciel profond et lointain, son sol aride mais solide, les jours toujours secs. Oh ! Horodougou ! tu manquais à cette ville et tout ce qui avait permis à Fama de vivre une enfance heureuse de prince manquait aussi (le soleil, l'honneur et l'or), quand au lever les esclaves palefreniers présentaient le cheval rétif pour la cavalcade matinale, quand à la deuxième prière les griots et les griottes chantaient la pérennité et la puissance des Doumboya, et qu'après, les marabouts récitaient et enseignaient le Coran, la pitié et l'aumône. Qui pouvait s'aviser alors d'apprendre à courir de sacrifice en sacrifice pour mendier ?

Question

Dans le texte d'Ahmadou Kourouma ci-dessus, relevez les noms en gras et classez-les selon leur genre. Dans quel cas ce genre est-il motivé ou immotivé ? Dans quel cas est-il impossible de trancher, si l'on ne connaît pas le mot ou si l'on ne dispose pas d'un dictionnaire ?

Solution

Masculin

Féminin

un bout

temps

le temps

deux taxis

un carré

le trottoir

le marché

les toits

cieux

le tourmenté

les vents

des nuages

le soleil

le bas

les arbres

l'orage

son ciel

son sol

les jours

prince

le soleil

l'honneur

l'or

au lever

les esclaves

le cheval

les griots

les marabouts

le Coran

sacrifice

la rue

l'heure

la prière

la mosquée

l'avenue

la foule

la mer

les maisons

ville

pluies

nostalgie

la terre

cette ville

une enfance

la cavalcade

la deuxième prière

les griottes

la pérennité

la puissance

la pitié

l'aumône

  1. Le genre masculin est évident :

    1. Lorsqu'il est motivé : « les esclaves palefreniers », « les griots » (qui s'opposent aux « griottes »), « les marabouts », le « prince » (qui a un féminin, « princesse », et ne peut donc ici être que masculin) désignent des êtres ou des fonctions qui ne peuvent être que masculins.

    2. Lorsqu'il est accompagné d'un déterminant sans ambiguité, ou d'un qualificatif : « un », « le », « son », « au » ne peuvent être que masculins ; en revanche, « l' », « les », « des », et les adjectifs numéraux (« deux », « deuxième ») ne disent rien sur le genre du nom.

  2. Le genre féminin :

    1. Il est évident quand il est motivé : ici, à part les « griottes » (féminin de « griot »), aucun féminin ne désigne un être sexué ; la liste montre au contraire le caractère parfaitement arbitraire du genre en français :

      pourquoi la rue est-elle au féminin, et le trottoir au masculin ? Pourquoi la prière, mais le sacrifice ?

Remarque : On notera également que la forme des noms n'indique rien par elle-même : le -e final n'est en rien une marque de féminin, puisque nombre de mots féminins (« maisons », « pitié ») en sont dépourvus, tandis que les noms masculins en -e sont légions : « nuage », « orage », « esclave », « prince »....